Quand un regard systémique cherche sa place dans le monde managérial
Une question toujours d’actualité … A moins qu’elle ne soit pas réellement posée ?
Il conviendrait – et c’est entre autres ce que je m’emploie à faire – de s’interroger sur les raisons profondes pour lesquelles l’entreprise et la sociologie paraissent si peu miscibles. Pourquoi cette distance, cette méfiance réciproque, alors que les enjeux humains, organisationnels et culturels sont au cœur de toute entreprise ?
À la porte des entreprises : le sociologue laissé dehors
En bon sociologue (qu’académiquement je ne suis pas, quoi que…), je constate que bien souvent, les sociologues peinent à obtenir « droit de cité » dans les entreprises. On leur refuse l’entrée, et avec elle, la possibilité d’apporter un éclairage pourtant pertinent. Pourquoi ce rejet ? Est-ce une question de posture, de langage, de symbolique ? Ou bien de peur de ce qu’ils pourraient révéler ?
La sociologie perçue comme un contre-pouvoir
Une phrase que je lis à l’instant dans un article dont je ne citerai pas la source résume bien le malaise : « Appliquée au monde du travail, la sociologie dénonce souvent les pratiques délétères ou absurdes du management. » Et si cette phrase, à elle seule, expliquait beaucoup ? Imaginez frapper à la porte d’un dirigeant et annoncer : « Je viens vous dénoncer. » Peut-on s’étonner qu’il ne vous ouvre pas ? Comme un chat qui craint l’eau, l’entrepreneur peut se crisper à la simple idée d’être jugé ou mis en accusation.
Changer de regard : d’un outil critique à un levier systémique
Et pourtant… La sociologie peut être bien plus qu’un outil de dénonciation. Elle peut devenir un levier systémique, un instrument de lecture du réel qui ne cherche pas des coupables, mais des dynamiques. Dans mes accompagnements, j’en fais l’expérience chaque jour : ce regard, quand il est bien amené, est source de compréhension, de mise en perspective, de transformation constructive.
Un système vivant, des acteurs en mouvement
L’entreprise est un système vivant, en interaction constante avec son écosystème. Elle est peuplée d’acteurs – dirigeants, collaborateurs, partenaires – qui façonnent et sont façonnés par ce système. Un regard sociologique (et au-delà, systémique) permet d’englober cette complexité. Il met en lumière les logiques, les tensions, les non-dits, sans jamais tomber dans l’accusation.
Revaloriser la sociologie sans l’idéologiser
La clé est là : ne pas instrumentaliser la sociologie comme un outil de critique stérile, mais comme une grille de lecture humble et utile, au service de l’intelligence collective. Il ne s’agit pas d’opposer la sociologie au management, mais de faire en sorte qu’elles puissent dialoguer, s’enrichir mutuellement, coopérer.
Ouvrons la porte au dialogue
Alors, la sociologie est-elle soluble dans l’entreprise ? Oui, à condition de ne pas la diluer ni la radicaliser. Oui, si elle se présente non comme un donneur de leçons, mais comme un partenaire de compréhension. Il est temps de cesser de craindre ce regard – et d’apprendre à le convoquer pour ce qu’il est : une chance d’éclairer ce qui, souvent, nous échappe.
Des bienfaits d’un regard « bienveillant »
Que vous soyez dirigeant, consultant, RH ou salarié, posons ensemble cette question : Que pourrait nous apporter un regard systémique bienveillant, là où nous pensions tout comprendre ?
C’est le sens que je ne manque jamais de rappeler du sens du terme « Bien -Veillant » : un regard qui veille bien et qui donne à voir. (voir l’article que j’ai consacré à ce magnifique mot)
