Stop à l’indigestion stratégique : quand les entreprises gavées rejettent le changement

Une des causes du rejet stratégique

Avec raison, @Elisbeth Gaillarde, en commentaire de l’article « La stratégie se cuisine et se sert avec soin », insiste sur cette autre cause possible du rejet fréquent d’une stratégie : « la capacité d’absorption des estomacs ». Un grand merci à elle d’avoir ainsi l’occasion de pousser avec vous cette réflexion un peu plus loin.

L’entreprise-organisme face au cycle naturel du changement

Il y va de la double capacité de tout organisme à ingérer et à digérer. L’entreprise est bien un organisme au sens organique du terme. Je n’oserai citer, par correction, le troisième et dernier temps tout aussi naturel à tout cycle de l’alimentation d’un organisme vivant.

Cela me donne toutefois l’idée d’y revenir un jour. Je souhaite pointer le naturel rejet à un moment donné de toute stratégie et de toute réorganisation. Même quand elle a été réussie, toute stratégie devient obsolète à un moment donné et doit être rejetée.

Les règles d’or de l’assimilation stratégique

Pour se limiter à l’ingestion et à la digestion de toute nouvelle stratégie, il y faut le temps nécessaire. Pour rester dans la métaphore empruntée, n’est-il pas de conseil plus sage que ceux de « ne mange pas trop vite ! », « n’avale pas sans mâcher » ? S’y ajoute la sage consigne de ne pas manger entre les repas !

Le conseil s’adresse aussi à celui qui est responsable de l’alimentation et en charge du menu. Le conseil salutaire se traduit alors par plusieurs impératifs. Il faut limiter le nombre des repas et veiller à leur régularité. Il ne faut pas forcer à manger. Il convient de laisser le temps de mâcher, le temps d’avaler et le temps de la digestion.

Le constat alarmant : l’indigestion stratégique généralisée

Force est de constater la haute fréquence de succession des nouvelles stratégies et de leurs changements. Les stratégies et plans d’actions se succèdent. Parfois ils se chevauchent, voire se contredisent. Les équipes doivent les ingurgiter jusqu’au trop-plein et en perdent l’appétit.

Ces équipes n’en peuvent plus. Naturellement, elles n’y croient plus. De là à déplorer leur non-engagement !!!

Les trois causes de la volatilité managériale destructrice

Les raisons de cette haute volatilité sont multiples. Elles résultent, entre autres, de trois phénomènes principaux.

D’abord, la valse des cadres dirigeants : 45% des recrutements de cadres dirigeants européens échoueraient dans les 18 mois.

Ensuite, la valse des modes managériales. Ces modes incitent les dirigeants confrontés aux difficultés à suivre la tendance quasiment au rythme de la mode vestimentaire.

Enfin, le désarroi réel et bien compréhensible de nombre d’entre eux. Ils font face à l’incertitude, aux inconnues et à l’instabilité du contexte actuels.

Et si nous changions de régime ?

Face à cette épidémie d’indigestion stratégique, il est temps d’agir. La solution ne réside pas dans l’arrêt total des changements, mais dans l’adoption d’une hygiène managériale plus saine.

Commencez dès aujourd’hui par trois gestes simples :

Premièrement, faites le diagnostic nutritionnel de votre organisation. Combien de nouveaux projets stratégiques avez-vous lancés ces 12 derniers mois ? Vos équipes ont-elles eu le temps de les digérer ?

Deuxièmement, instaurez des temps de jeûne stratégique. Accordez à vos collaborateurs le temps d’assimiler pleinement les changements en cours avant d’en introduire de nouveaux.

Troisièmement, devenez un chef cuisinier de la stratégie. Préparez vos changements avec soin, servez-les au bon moment et laissez vos équipes savourer chaque transformation.

Vos collaborateurs retrouveront l’appétit du changement. Votre organisation reprendra des forces. Et vous, vous redécouvrirez le plaisir de diriger une équipe épanouie et performante.

L’action commence maintenant : quelle sera votre première mesure pour lutter contre l’indigestion stratégique dans votre organisation ?


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Stratégie et culture : quand le repas d’entreprise vire à la soupe à la grimace

Quand la culture refuse votre stratégie et la vomit.

La phrase « la culture mange la stratégie au petit déjeuner » est sur toutes les lèvres, mais et si on s’était trompés de cible ? Cette idée, souvent brandie pour expliquer l’échec d’une initiative, pointe du doigt la culture d’entreprise comme un monstre insatiable. Et si le problème ne venait pas de la culture, mais du chef ?  Le manager qui a concocté la stratégie. Lorsque la culture d’entreprise rejette systématiquement votre stratégie, la tentation est grande d’accuser la résistance au changement. Pourtant, cette situation révèle souvent des erreurs de leadership fondamentales.

Les trois erreurs du dirigeant-chef

Comme un chef cuisinier face à des plats boudés, le dirigeant doit s’interroger sur ses propres pratiques :

Une mauvaise recette mal préparée qui provoque le rejet: Votre stratégie manque peut-être de saveur, de cohérence ou d’attrait, elle est mal « cuisinée ». Elle ne prend pas en compte les réalités du terrain et ne suscite ni l’envie, ni l’adhésion. Une stratégie « indigeste » provoquera naturellement le rejet.

Un chef inattentif qui ignore les goûts de ses équipes : Avez-vous pris le temps de connaître vos équipes, leurs besoins, leurs « allergies » aux changements et leurs « préférences alimentaires » ?  Avez-vous pris en compte les valeurs, contraintes et aspirations de vos collaborateurs ?  Vous avez imposé un plat sans vous soucier des convives. Un bon hôte connaît ses invités.

Un pédagogue absent : Vous n’avez pas su « vendre » les vertus de votre plat. Vous n’avez pas expliqué en quoi cette nouvelle stratégie était un investissement pour l’avenir, un « régime » qui contribuerait à la croissance de chacun et à la bonne santé de l’entreprise. Les bienfaits de votre stratégie ne sont pas évidents ? C’est à vous de les démontrer et d’accompagner vos équipes dans cette découverte.

Devenez un chef étoilé de la stratégie

Les dirigeants d’exception, comme les chefs étoilés, maîtrisent quatre dimensions :

    • L’innovation créative

    • La qualité des « ingrédients » (ressources, processus)

    • L’accueil et l’écoute des équipes

    • La transmission et l’éducation

Ils savent :

    • Innover en proposant des stratégies surprenantes, mais pertinentes.

    • Respecter leurs équipes en les éduquant et en leur faisant découvrir de nouvelles saveurs.

    • Engager en les invitant à la table, ou même en cuisine, pour co-créer la recette. Ils ne sont pas au-dessus de leurs équipes, mais à leurs côtés.

Plus encore, ils n’hésitent pas à partager le repas avec leurs équipes et, mieux encore, à préparer et cuisiner ensemble la stratégie de demain.

Faites évoluer votre façon de cuisiner la stratégie et échangeons nos meilleures recettes.

La culture ne mange pas la stratégie. Elle la recrache quand elle est indigeste. La réussite d’une stratégie réside dans la capacité du manager à être un véritable chef, un hôte bienveillant et un pédagogue inspirant.

Cessez d’accuser vos équipes de résister au changement. Questionnez vous d’abord : votre stratégie est-elle vraiment appétissante ? Votre leadership est-il à la hauteur d’un chef étoilé ?

Ne laissez pas votre stratégie finir au rebut. – Soignez vos ingrédients, – Adaptez là aux réalités humaines, – Et invitez vos équipes à en co-créer la recette.

C’est ainsi que la stratégie nourrit la croissance collective.

Votre défi

Identifiez dès aujourd’hui une stratégie « rejetée » dans votre organisation. Appliquez la grille des trois erreurs et transformez vous en véritable chef d’orchestre du changement.

Et vous, quelle sera la prochaine recette que vous proposerez à vos équipes? Partagez vos idées en commentaire !

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Quand l’humain devient un rouage : la révélation glaçante d’un consultant repenti mais non démissionnaire.

J’écoute à l’instant l’interview de David Naïm  par Julie Gacon dans les Matins de l’été de France Culture à l’occasion de la sortie de son roman «  Le consultant » (au Editions la Goutte d’or) (à écouter grâce à ce lien à partir de la 39 ème minute).

David Naïm Associé d’un des grands cabinets de conseil de stratégie nous y livre son analyse  particulièrement éclairante de notre système et de son évolution actuelle qui tend à faire de l’homme un élément du dispositif technicien er à le réduire à ce rôle. David Naïm, à travers son expérience de consultant, révèle comment nous assistons à un moment historique où l’humanité risque de perdre sa dimension proprement humaine pour devenir un simple rouage dans une machinerie technique globalisée.

L’exemple révélé par le Financial Times du projet « Gaza Riviera » sur lequel une équipe de consultants de BCG illustre parfaitement cette déshumanisation : pendant 7 mois, 12 employés ont travaillé sur cette initiative « sans les Gazaouis », facturant plusieurs millions de dollars. Cette anecdote révèle un système qui « refuse de voir que ce projet de domination sur la nature est une illusion » et où « on regarde l’homme non comme un sujet » mais comme un élément manipulable du dispositif technique.

Il nous rappelle que « l’humanité a lâché l’affaire » mais qu' »il y a d’autres systèmes de pensée ». Face à l’oubli de l’être, l’auteur plaide pour une résistance qui passe par la conscience et la transformation plutôt que par la fuite.

Le diagnostic de David Naïm nous confronte à une question essentielle : comment préserver l’humain dans un monde qui tend à le réduire à un simple élément technique au service du pouvoir et de la consommation ? Sa réponse, entre lucidité et espoir, mérite notre attention.

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Et si les incohérences étaient la vraie force des organisations ?

Un regard à contre-courant du management traditionnel

Dans un monde managérial dominé par la quête d’efficacité et la recherche d’alignement, l‘écoute du podcast de Paolo Andreassi sur les paradoxes organisationnels nous invite à un salutaire pas de côté. Elle étonne, elle interroge, et surtout, elle invite à une humilité bienvenue.

La cohérence paradoxale : une stabilité par les contradictions

Paolo Andreassi par l’évocation de la cohérence paradoxale renverse la perspective habituelle : loin de voir les contradictions internes comme des dysfonctionnements à corriger, il les érige en véritables piliers de stabilité. Une organisation ne fonctionne pas malgré ses incohérences, mais grâce à elles. C’est ce que traduit le concept de la cohérence paradoxale.

L’illusion de l’alignement total

Ce regard entre en collision frontale avec la posture classique du manager « performant », qui cherche à homogénéiser les pratiques et à gommer toute ambiguïté. Or, supprimer les zones grises revient bien souvent à priver les équipes de leur capacité d’adaptation locale.

La résistance au changement, une réaction logique

La « résistance au changement » devient alors compréhensible : ce n’est pas le changement en lui-même qui est refusé, mais la disparition des marges de manœuvre qui permettaient aux équipes de gérer localement la complexité.

Une méthode en trois temps

Paolo Andreassi nous propose une approche pragmatique en trois étapes :

  1. Cartographier les paradoxes actifs : repérer les tensions qui traversent les pratiques.

  2. Comprendre leurs fonctions : analyser leur rôle dans l’équilibre organisationnel.

  3. Concevoir des régulations hybrides : intégrer une part de diversité dans un cadre partagé, en coconstruisant avec les équipes.

La sociologie des organisations comme boussole

Dans cet appel à la compréhension et à la construction d’un savoir se trouve l’essence même due la sociologie et notamment de la sociologie des organisations. La sociologie des organisations nous rappelle que comprendre précède l’action. Elle invite à observer sans juger, à s’étonner, et à replacer les pratiques dans les réalités vécues.

Vers un changement de posture managériale

Ce que ce podcast propose, c’est moins un changement d’outils qu’un changement de posture : passer d’un management prescripteur à un management observateur et interprète. Un bon manager ne cherche pas à tout lisser, mais à orchestrer les tensions utiles.

Et maintenant ?

Et si, au lieu de chercher à tout maîtriser, nous commencions par observer nos propres paradoxes organisationnels ? Quelles tensions vivent nos équipes au quotidien ? Où se cachent ces incohérences productives qui font tenir l’ensemble ? Prenons un temps pour écouter le terrain, cartographier les contradictions, et coconstruire les règles du jeu.

Managers, dirigeants, RH : osez troquer la recherche d’alignement parfait contre une vraie compréhension des dynamiques locales. C’est souvent là que se loge la vraie résilience.

 Et vous, comment accueillez vous les incohérences dans votre organisation ? Partagez vos expériences ou réactions en commentaire. Continuons ensemble cette réflexion essentielle.

Un immense merci à Paolo Andreassi pour cette inlassable et brillante promotion d’une sociologie des organisations résolument opérationnelle, qui donne aux managers des outils pour penser autrement leur action. Sa démarche est précieuse : elle réintroduit l’intelligence du réel là où trop souvent ne règne qu’une logique de conformité.

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Prendre la bonne décision : entre réflexion et intuition.

L’équilibre selon Isocrate et ses conseils à Demonicos

«Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions». Cette citation d’Isocrate qui conclut avec pertinence l’article de Lina Alami ami résume l’équilibre que prône son auteur dans ses « Conseils à Demonicos ». Isocrate, orateur et philosophe athénien (436-338 av. J.-C.), disciple de Socrate et contemporain de Platon, y offre à Demonicos des recommandations morales et pratiques destinées à le (nous) guider dans sa (notre) conduite personnelle et publique.

L’essentiel : la prise de décision

Mais il y manque l’essentiel que traite heureusement @Lina Alami dans sa présentation : la prise de décision. En synthèse, cette prise de temps nécessaire à la prise de décision sera riche de la diversité des points de vue mobilisés, entendus et débattus, en envisageant les points de vue contraires et les impacts des décisions envisagées.

Nous notons que Lina Alami prend soin, avec raison, d’évoquer, entre autres composantes du dispositif de décision, la prise en compte des critères de décision, thème sur lequel nous avons eu le plaisir d’échanger.

L’importance des critères de décision

Pour ma part, j’y attache une importance toute particulière dans la mesure où ces critères ne sont que rarement définis et officialisés alors même qu’ils sont toujours à la base de toute décision. Bien souvent non formulés, ils influencent, alors, nos choix à notre insu. Nous gagnons tous et toujours à les définir et à les considérer en toute conscience, faute de quoi nous risquons d’être mus par notre inconscient et d’agir en toute inconscience.

Intuition ou prise de décision éclairée ?

Certains, rebutés par cet effort de connaissance réflexive de soi et du groupe qui travaille sur ces critères, privilégient l’intuition. Pour ma part, je ne vois dans l’intuition que l’expression de critères de décision auxquels on n’a pas donné la parole et qui, n’ayant pas eu la chance d’être exprimés, revendiquent inconsciemment leur prise en compte. Alors oui, merci , dans ce cas, à l’intuition de palier, en cas d’absence d’un effort de conscientisation de nos critères de décision, cette décision prise à leur insu.

Nos critères de décision nous définissent

Tendons le micro à nos critères de décision : ils nous sont uniques et nous définissent aussi distinctement que nos empreintes digitales. C’est au travers de cette grille de décision (plus ou moins consciente) que nous accédons à notre réalité et que nous nous y engageons.

Traduire la réalité en toute conscience

Par notre appréhension du monde, nous interprétons en permanence la réalité. Nous en sommes les traducteurs. Assurons-nous d’en être de bons traducteurs, de bien traduire cette réalité et d’éviter les faux sens en étant conscients du dictionnaire que nous utilisons et en l’enrichissant constamment.

Une démarche pour mieux décider : ActEval

C’est à l’écriture, à l’adaptation et à l’enrichissement de ce dictionnaire, et surtout à sa consultation, que j’invite et accompagne dans la démarche ActEval (« Évaluation de l’Action – une approche d’aide à la prise de décision ») que j’ai développée, forte de ce constat et de cette intime conviction.

J’avais tout gamin un instituteur en blouse grise (c’est vous dire si cela date) qui posait en permanence un dictionnaire sur son bureau et qui nous invitait à nous y référer dès que nécessaire. Ce maître dont j’ai toujours le plus vif souvenir s’appelait Monsieur Briolay et je lui dois beaucoup.

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Décision et action : entre rationalité et pragmatisme ?

 

Cognitivisme vs Pragmatisme : Deux visions du monde

Christophe Keromen, en analysant l’article de Philippe Larino « Pour un bilan raisonné du cognitivisme », nous confronte à une question fondamentale : quelle est notre vision du monde ? Entre une approche cognitiviste (Herbert Simon) et une approche pragmatiste (Follett, Dewey, Weick), notre choix influence directement notre manière de décider et d’agir.

La place de la décision : un enjeu central

La comparaison établie par Christophe Keromen met en évidence un point essentiel : le rôle de la décision. Dans le modèle cognitiviste, « on cherche à choisir la meilleure option pour agir efficacement. » Dans le modèle pragmatiste, « la décision émerge de l’interaction avec la situation« . Le premier modèle est « prescriptif et rationnel« , le second est « dynamique et situé. »

Une opposition artificielle ?

Il serait hasardeux d’opposer frontalement ces modèles sur la base de la décision et de l’action. En réalité, ce qui distingue ces approches, ce n’est pas tant la rationalité du cognitivisme, mais son caractère prescriptif. Un cadre rigide appliqué sans tenir compte des réalités du terrain risque de devenir un dogme, ignorant les évolutions contextuelles.

Le pragmatisme : une rationalité ancrée dans le réel

Il est trivial de rappeler que, même dans une démarche pragmatiste, la décision précède toujours l’action. Elle repose sur une rationalité adaptative, tenant compte des imprévus tout en suivant un cap défini. Ainsi, disposer de critères de décision explicites et solides permettant de garder le cap, en dépit des difficultés rencontrée en chemin, est crucial pour une prise de décision efficace.

L’importance des critères de décision

Le constat s’impose souvent d’un manque d’explicitation des critères de décision, tant pour les entrepreneurs que pour les entreprises. La liste de ces critères une fois explicités, à bien y regarder, est unique et spécifique à l’entrepreneur et à son entreprise. Elle en est l’empreinte digitale et l’incarnation de sa culture et de ses valeurs.

Une approche structurée et raisonnée avec « ActEval »

Construire des critères pour des décisions éclairées

Fort de ce constat, l’approche « ActEval », développée et portée par RéSolutions, permet de construire ces critères essentiels. Grâce à cette grille de décision, l’entrepreneur et son entreprise disposent d’un véritable outil pour décider et agir avec pragmatisme et rationalité.

Êtes-vous sûrs de votre décision ?

Avant d’agir, il est crucial de s’assurer que nos choix ne nous trompent pas. Une décision mal fondée peut nous éloigner de notre projet et de notre essence profonde.

Alignement entre raison d’être et mission

Nos décisions doivent être en cohérence avec notre raison d’être et notre mission. Une réflexion explicite et structurée permet d’éviter toute trahison involontaire de nos valeurs et de notre vision.

Assurons nous que, forts de notre grille de critères de décision, nous sommes en mesure de décider et d’agir en tout pragmatisme … et en toute rationalité.

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Anticiper l’inattendu : surveiller les marges pour éviter le chaos

« Ce qui tue ? Rarement ce que l’on surveille »

Sebastien Martin nous interpelle dans son post sur l’écosystème d’affaires : « Ce qui tue ? Rarement ce que l’on surveille. »

L’importance d’un radar élargi

Il est, en effet, essentiel d’inclure dans son radar tous les éléments qui composent l’écosystème d’une entreprise, y compris ceux qui semblent lointains ou anodins. Ces zones extérieures, souvent ignorées, peuvent pourtant être à l’origine de menaces brutales et imprévisibles. Comme le souligne Sebastien Martin in, la destruction d’un modèle peut survenir sans prévenir.

Un biais d’attention centré sur le passé

Bien souvent, l’attention des dirigeants et des équipes se porte sur le cœur de l’entreprise, c’est-à-dire son historique et son optimisation. Or, c’est aux marges du modèle que naissent les évolutions, mais aussi les menaces. Ne pas les surveiller, c’est prendre le risque de se faire surprendre.

L’ignorance nourrit la peur

En écho à cette réflexion, j’ajouterai cette formule : « Ce que l’on ignore fait peur. » Cette peur pousse souvent au déni. Pour la dépasser, il est essentiel d’intégrer à notre veille les parties prenantes à la périphérie de notre écosystème. Les pistes proposées par Sebastien Martin sont précieuses pour avancer dans cette démarche.

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La culture de l’entreprise, son meilleur allié stratégique.

La reconnaissance de l’importance de la culture d’entreprise

Quel bonheur que de lire cet article de Frédéric Fréry « La culture d’entreprise : avantage stratégique ou obstacle au changement ?« . Il y attire notre attention sur la culture d’entreprise pour en souligner toute l’importance.

Lorsque cette culture est en cohérence avec la vision et le projet de l’entreprise, cette culture est, rappelle-t-il, un des rares avantages stratégiques que les concurrents de l’entreprise auront bien du mal à imiter.

Si je savoure ces lignes, c’est que je les partage en tous points après avoir, pendant de trop nombreuses années, constaté le mépris pour ce thème de la part de cabinets dits de «stratégie» : « Trop sciences sociales, la culture ! ». Voir écrit que la culture est un (si ce n’est le seul) avantage concurrentiel non aisément copiable et devant pour cela recevoir toute l’attention des dirigeants et des consultants qui les conseillent me réjouit au plus haut point.

Dénoncer que sa culture peut, en cas de changement de stratégie, être un frein pour une d’entreprise est-ce condamner la culture ou au contraire la magnifier ?

Certes, Frédéric Fréryprend soin de remarquer que cette même culture d’entreprise peut être un frein à un changement de stratégie. Je ne peux que partager ce point de vue tout en posant la question de savoir si le terme de « frein », avec son côté négatif d’ »empêchement », est bien choisi.

En effet, une culture forte (au sens de « en parfait alignement avec une stratégie ») doit-elle être dénoncée comme un frein ? Elle est bien plutôt une donnée. Une donnée qu’il convient de prendre en compte au moment de changer de cap, sachant que ce nouveau cap appelle, en toute logique, une nouvelle culture dont la culture actuelle ne peut mais.

Accuser une culture adaptée à une certaine stratégie de ne pas l’être à une autre stratégie ne fait que reconnaître, à nouveau, qu’elle est l’habit taillé sur mesure pour une stratégie donnée et que, comme telle, elle est un avantage qui ne se partage pas.

En filant la métaphore, remarquons que l’impossibilité d’habiller quelqu’un aux mensurations fondamentalement différentes avec l’habit qui convenait parfaitement à son « dissemblable ». La solution alors n’est pas de chercher à rapiécer l’ancien mais bien à en « patronner » un nouveau.

Changer de stratégie : changer de culture oui mais est-ce par une transformation ?

Ce qui nous conduit à nous questionner. Est-il bien raisonnable, pour une entreprise, de décréter une nouvelle stratégie qui nécessite de chercher à changer totalement sa culture au risque de se « déculturer » et de perdre son âme ? Ne vaut-il pas mieux créer une nouvelle entreprise avec sa culture propre dès l’origine ? Dans l’exemple si parlant évoqué par Frédéric Fréryréry du Club Med voulant se repositionner en destination de luxe, qu’il ait fallu 10 ans pour, au final, changer une grande partie du personnel et de l’actionnariat incite à se poser la question. Qu’il faille à stratégie nouvelle une nouvelle culture est une évidence mais peut-on raisonnablement l’obtenir par transformation ? Ou plutôt par adoption ?

Une complexité du changement culturel qui explique pour partie le désintérêt ambiant pour la culture d’entreprise.

Comme le remarque Frédéric Fréry « Changer une culture est une des tâches les plus complexes qui existe en management ». Il faut sans doute y trouver là le désintérêt hautain des cabinets de stratégie pour cette épreuve.

La place radicale de la culture de la culture d’entreprise, à la racine de la réussite.

En conclusion, la culture d’entreprise est un élément crucial qui peut soit propulser une entreprise vers le succès, soit être accusée de freiner ses efforts de transformation. Les dirigeants doivent donc accorder une attention particulière à cette dimension stratégique et être prêts à relever les défis complexes qu’elle pose et reconnaître la culture d’entreprise à sa juste place, une place radicale, à la racine de la réussite.

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« Faire confiance » dans la plénitude de sa double dimension.

Confiance et Vulnérabilité : deux notions distinctes

Je ne suis pas sûr que « confiance » et « vulnérabilité » soient des notions cousines et que l’une implique l’autre. Doit-on considérer comme nous le propose Gilles Favro dans ce post que faire confiance « revienne à se mettre en situation de vulnérabilité et d’accepter de prendre le risque d’être trompé, trahi ou déçu » ? S’agit-il de « parier sur la fiabilité de l’autre, sans savoir à l’avance ce qu’il fera » ?

Soumission ou Confiance ?

Je parlerais davantage dans un tel car de soumission. S’il est clair qu’en faisant confiance, l’on s’expose à la possibilité que cette confiance s’avère être mal placée, tout dépend de la réaction de celui ou celle dont la confiance est ainsi déçue. Cette déception à elle seule indique que cette acceptation d’être trahi n’est pas un attribut naturel de la confiance. Pour qui s’en accommoderait l’on ne peut parler de confiance mais bien d’abandon et de soumission.

La réaction face à la trahison

Une véritable confiance, si elle est trahie, conduira à la révolte et, au moins, au retrait de cette confiance qui a été accordée dans le cadre d’un véritable contrat. Ne parle-t-on pas de « contrat de confiance » ? Faire confiance implique le respect par celui en qui l’on a placé sa confiance du contrat qui est passé et qui implique de sa part un certain type d’action et de comportement à l’endroit de son co-contractant.

Comment bâtir la confiance ?

À la question posée par Gilles Favro de savoir comment bâtir la confiance, je n’y vois qu’une seule façon : le respect de cette confiance et la preuve répétée de ce respect qui, par sa répétition, vient garantir le respect futur de cette promesse. À défaut, le contrat est immédiatement rompu. « La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres » selon cette formule que l’on attribue à Jean-Paul Sartre.

L’exigence de la confiance

Aussi, je ne vois dans l’acte de faire confiance aucun abandon, mais bien au contraire une exigence sourcilleuse de voir cette confiance respectée. En retournant l’argument, je serais même tenté d’affirmer que celui en qui la confiance est placée se place en situation de vulnérabilité par le fait qu’il s’expose en permanence au risque de ne pas toujours honorer cette confiance et de se trouver immédiatement déchu de son statut et voué à la rancœur, à la rancune si ce n’est à la vengeance.

L’étymologie de la confiance

Il n’est pas neutre de rappeler l’étymologie de « confiance ». Elle renvoie au religieux : « placer sa foi en ». De « Dieu », cette personne de non-confiance se trouvera immédiatement déchue au rang des personnes en qui l’on ne peut pas croire.

Une fragilité qui en fait toute sa grandeur

En conclusion, la confiance est un contrat sacré qui nécessite un respect mutuel et constant. Elle ne doit pas être confondue avec la vulnérabilité ou la soumission. La confiance se construit patiemment et peut être détruite en un instant. C’est cette fragilité qui en fait une valeur si précieuse dans nos relations humaines.

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« Dites-m’en plus ! » : Le rôle clé du manager dans l’exploration des idées

La suggestion : un art subtil

La « Suggestion » est l’art de proposer une idée sans l’exposer directement et pleinement. A défaut de l’exploiter véritablement, une boite à idées est bien souvent une boite à suggestion comme nous l’évoque Sebastien Martin dans ce post. Une boîte à idées, pour être pleinement efficace, doit inclure un échange permettant d’enrichir la proposition initiale.

Des systèmes de pensée différents

Le manager évalue une idée selon ses propres références, tandis que son collaborateur la formule avec ses propres connaissances et perceptions. Seul le plus grand des hasards ferait que ces systèmes correspondent.

Le risque d’un management censeur

Un manager trop directif peut rejeter une idée sans chercher à en comprendre les nuances et les potentiels. Si l’échange n’a pas lieu, l’innovation est freinée dès la première lecture.

Le « manager défixateur » : une clé essentielle

Justine Boudier, dans ses travaux sur « Le manager défixateur en situations hétérogènes », explore l’importance d’un manager qui, conscient de son propre système de pensée, aide son collaborateur à dépasser ses propres blocages cognitifs.

Une posture d’écoute et d’ouverture

Pour cela, le manager doit être conscient de ses propres biais et attentif à ceux de son interlocuteur. Un état d’esprit d’ouverture et de curiosité favorise un dialogue constructif en incitant le collaborateur soit à aller plus loin dans l’idée suggérée soit à explorer de nouveaux territoires.

Valoriser la boîte à idées autrement

Ouvrir la boîte à idées, c’est bien. Mais aller plus loin en demandant « Dites-m’en plus ! » …et « Voyons ensemble ! » permet d’explorer pleinement le potentiel des suggestions et d’encourager l’innovation.

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