7 actes pour passer de l’aveuglement à la lucidité

La Finalité de la Série

Fort de quarante ans de conseil auprès d’entrepreneurs et de dirigeants, j’ai observé un paradoxe fascinant : ce ne sont pas les problèmes qui bloquent le plus souvent les organisations, mais la façon dont leurs leaders les perçoivent. Ou plutôt, comme beaucoup ne les perçoivent pas.

Cette série d’articles explore une question dérangeante : et si vous étiez votre propre angle mort ? Et si votre manière habituelle d’appréhender les situations problématiques – celle qui vous a parfois si bien réussi – était devenue votre principal frein à votre appréhension de la réalité, à l’innovation et à l’évolution ?

Ces articles ne sont ni un jugement ni une leçon de morale. Ils proposent un miroir, un dialogue avec soi-même, une invitation à découvrir comment une simple modification de perspective peut transformer une impasse en opportunité.

En reconnaissant ces mécanismes, l’objectif est d’amener chacun à découvrir de nouvelles façons, plus efficaces et porteuses de projets, d’envisager les défis quotidiens, passant ainsi de la réaction à l’évolution stratégique.

Au fil de ces sept articles, vous découvrirez autant de cas concrets, incarnés, dans lesquels chacun de nous, entrepreneur ou non, se reconnaîtra. Car nous portons tous, parfois plusieurs en même temps, ces postures mentales qui nous rassurent autant qu’elles nous limitent. La force de cette série est là : montrer que personne n’y échappe, que nos fonctionnements ne sont ni des fautes ni des fatalités, mais des points d’appui formidables dès lors qu’on en prend conscience.

Les fondements scientifiques : ce que la recherche nous enseigne

Cette approche s’appuie sur plusieurs décennies de recherche en sciences cognitives et managériales :

Les biais cognitifs et l’excès de confiance – Les travaux de Daniel Kahneman (Prix Nobel d’économie 2002) et Amos Tversky ont démontré comment nos biais cognitifs faussent systématiquement notre jugement. L’excès de confiance (overconfidence bias) conduit particulièrement les experts et les leaders à surestimer leur maîtrise des situations.

La cécité aux signaux faibles – Les recherches de Karl Weick sur le sensemaking organisationnel révèlent comment les organisations échouent souvent non par manque d’information, mais par incapacité à donner du sens aux signaux qui contredisent leurs certitudes.

La psychologie des défenses – Les mécanismes de défense identifiés par la psychologie (déni, rationalisation, projection) ne sont pas des pathologies mais des réflexes humains universels. Travaux de référence : Anna Freud, puis Chris Argyris sur les « routines défensives organisationnelles ».

L’apprentissage en double boucle – Chris Argyris et Donald Schön ont montré la différence entre corriger une erreur (simple boucle) et remettre en question les présupposés qui l’ont causée (double boucle). Seul ce second niveau permet une véritable transformation.

La théorie de l’aveuglement volontaire – Margaret Heffernan explore comment les organisations cultivent activement l’ignorance de ce qu’elles ne veulent pas voir (Willful Blindness).

Il est donc crucial de « challenger ses propres grilles d’analyse » et de structurer les processus décisionnels pour limiter leur impact sur l’équipe et la stratégie. Cette série s’inscrit précisément dans ce cadre : une invitation à l’auto-réflexion, à la remise en mouvement intérieure, et au développement de la diversité cognitive.

Les 7 types d’Entrepreneurs

À travers mes quatre décennies d’accompagnement, j’ai identifié sept profils récurrents. Chacun a développé une stratégie spécifique face aux situations problématiques – stratégie qui fut souvent un atout, avant de devenir un piège : Voici ces 7 types d’entrepreneurs selon leur posture face à un problème, chacun étant caractérisé par une question essentielle qu’il ne se pose jamais et les conséquences qui en découlent tels qu’annoncés dans notre premier article.

Type 1 : « Je maîtrise, tout est sous contrôle » Question non posée : « Qu’est-ce qui m’échappe précisément parce que je crois tout maîtriser ? » Conséquence : Signaux faibles ignorés, équipes qui cessent d’alerter, crises évitables qui surviennent.

Type 2 : « Je persiste et signe «  Question non posée : « Et si mon expérience passée ne s’appliquait pas à cette situation ? » Conséquence : Rigidité, incapacité à s’adapter à de nouveaux contextes.

Type 3 : « Le problème vient des autres, pas de moi » Question non posée : « Qu’est–ce que JE peux changer dans MA façon de faire ? » Conséquence : Conflits récurrents, turnover, culture du blâme, impuissance apprise.

Type 4 : « Je fonce dans le mur et j’ai peur ! » Question non posée : « Qu’est-ce que ce mur me cache ? » Conséquence : tétanisation, attraction du mur, isolement.

Type 5 : « Que voulez-vous que j’y fasse ? ! » Question non posée : « Qu’est-ce que je peux faire AVEC ce que J’AI déjà ? » Conséquence : Problèmes qui grossissent, options qui se réduisent.

Type 6 :  » J’ai tout essayé «  Question non posée :  » Est-ce que je m’y prends de la bonne façon pour résoudre ce problème ? » Conséquence : répète les mêmes stratégies sans résultat.

Type 7 : un type différent des autres… vous le découvrirai et l’élaborerez vous même en progressant d’acte en acte au fil des six premiers articles.

Chaque type est un miroir. Et chacun pourra, à un moment ou à un autre, se reconnaître dans ces portraits : parfois un peu, parfois beaucoup, parfois trop. C’est précisément de cette reconnaissance que naît la lucidité.

Le Sens et le Ton de ces Articles

Ces articles ne sont ni un jugement ni une morale. Le ton est celui d’une curiosité constructive, d’une introspection guidée. Chaque article prend la forme d’un entretien imaginaire, façonné par mes 40 ans d’accompagnement d’entrepreneurs. Un dialogue fait d’écoute réelle, d’empathie et de confrontation bienveillante.

À travers ce cheminement, l’entrepreneur découvre par lui-même la nature de ses angles morts et les conséquences qui en découlent. Progressivement, ces prises de conscience l’amènent à renouveler son regard et à construire sa propre voie vers plus de lucidité. L’objectif est l’autonomie, la clarté… et parfois même un début de transformation.

Chaque article repose sur :

  • 40 ans d’accompagnement de dirigeants
  • Des verbatims authentiques, recueillis au fil des années
  • Un dialogue où j’incarne « RéSolutions », guidant l’entrepreneur vers plus de lucidité et de puissance d’action
  • Des pistes de réflexions et d’action

À noter : le 3 décembre paraîtra l’article dédié au Type 1, « Tout est sous contrôle ! ». Un épisode essentiel pour comprendre comment l’excès de maîtrise apparente peut devenir notre premier et plus subtil angle mort.

Je vous invite à le découvrir — il ouvrira la série avec un cas concret, vivant, et souvent… très familier.

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Stratégie gagnante : croire en sa propre voix

Et si la clé de la stratégie gagnante résidait dans notre capacité à croire en notre propre pouvoir d’action ?

Merci à Michaël V. Dandrieux qui, dans un de ses posts, insiste dans son post sur la nécessité pour les entreprises de se réinventer en affirmant leur singularité comme l’affirme son titre :

« L’opposé du courage, ce n’est pas la lâcheté, c’est le mimétisme. »

Voilà qui résonne profondément, en moi, avec une notion chère à la psychologie et au management : le locus de contrôle interne.

Croire en son pouvoir d’action

Ce concept, théorisé par Julian Rotter en 1954, distingue ceux qui croient maîtriser leur destin (locus interne) de ceux qui l’attribuent à des forces extérieures (locus externe).

Pour une entreprise, comme pour chacun de ses acteurs, c’est une question de posture stratégique :

  • Une organisation qui cultive son locus interne affirme sa voix, trace sa route et s’impose sur son marché par des choix délibérés, plutôt que de subir les tendances.

  • Des collaborateurs imprégnés de cette même conviction osent innover, prendre des initiatives et s’engager pleinement, car ils se sentent acteurs de leur succès.

Développer le locus interne à tous les niveaux

Un défi autant stratégique que managérial :

  • Choisir le cap de l’entreprise en alignement avec l’étoile de sa vision

  • Donner du sens aux actions individuelles et collectives

  • Déléguer la responsabilité et valoriser l’autonomie

  • Aligner la culture d’entreprise sur une vision claire, où chacun comprend son impact

Du mimétisme au courage

Comme le souligne avec justesse Michaël V. Dandrieux :

« La lâcheté, le chemin de la moindre résistance, c’est le mimétisme. »

À l’opposé, c’est en croyant en notre capacité à influencer le cours des choses – en tant qu’entreprise comme en tant qu’individu – que nous transformons les défis en opportunités.

Alors ayons le courage de notre individualité !

Merci encore à Michaël V. Dandrieux pour ses interpellations inspirantes.

#Leadership #Stratégie #Management #Innovation #LocusDeContrôle

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Stop Be Selfish !!!

J’emprunte ce titre ainsi que la formulation que les illustration de cet article à Alex M.H. Smith. Et ce d’autant plus que cet article a vocation à promouvoir une de ces vidéo dédié aux 3 stades de développement que connait peu ou  prou tout entrepreneur.

J’ai, en effet, grand plaisir à partager par cet quelques lignes, l’intérêt que j’ai à entendre ces propos de Alex M H Smith dans cette courte vidéo : Stop Be Selfish ».

Il nous invite à visiter les trois étapes par lesquelles, peu ou prou, tout entrepreneur passe à un moment de son développement. Il nous invite ainsi à envisager l’étape 3 qui ouvre la voie à une véritable création porteuse d’innovation et de développement comme il le décrit par ces extraits de son intervention que je reproduis ici :

« Stage 3 :
There is another higher stage of founder consciousness still yet to explore. One that few ever think about, let alone. Serving the industry.
Here your focus is not on serving the customer. That is serving jthe wider industry that you were part of. And growing the pie, not stealing from your competitors.
You are looking to survey the entire industry terrain. focused on innovating in your industry. And you ask what appears out there ? What are the dynamics ? What are the flaws in this industry ? Where are the gaps ? How you can innovate on what is already there by changing the standard model, viewing the terrain from an helicopter view. »

Et pour finir ce salutaire rappel que je partage totalement :

« Every decision you make is silently driven by your underlying assumptions, your underlying view of the world, If you want to have better decisions, you need to update these assumptions. You need to update that software you have in your head. »

Un grand merci Alex M H Smith

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Stop à l’indigestion stratégique : quand les entreprises gavées rejettent le changement

Une des causes du rejet stratégique

Avec raison, @Elisbeth Gaillarde, en commentaire de l’article « La stratégie se cuisine et se sert avec soin », insiste sur cette autre cause possible du rejet fréquent d’une stratégie : « la capacité d’absorption des estomacs ». Un grand merci à elle d’avoir ainsi l’occasion de pousser avec vous cette réflexion un peu plus loin.

L’entreprise-organisme face au cycle naturel du changement

Il y va de la double capacité de tout organisme à ingérer et à digérer. L’entreprise est bien un organisme au sens organique du terme. Je n’oserai citer, par correction, le troisième et dernier temps tout aussi naturel à tout cycle de l’alimentation d’un organisme vivant.

Cela me donne toutefois l’idée d’y revenir un jour. Je souhaite pointer le naturel rejet à un moment donné de toute stratégie et de toute réorganisation. Même quand elle a été réussie, toute stratégie devient obsolète à un moment donné et doit être rejetée.

Les règles d’or de l’assimilation stratégique

Pour se limiter à l’ingestion et à la digestion de toute nouvelle stratégie, il y faut le temps nécessaire. Pour rester dans la métaphore empruntée, n’est-il pas de conseil plus sage que ceux de « ne mange pas trop vite ! », « n’avale pas sans mâcher » ? S’y ajoute la sage consigne de ne pas manger entre les repas !

Le conseil s’adresse aussi à celui qui est responsable de l’alimentation et en charge du menu. Le conseil salutaire se traduit alors par plusieurs impératifs. Il faut limiter le nombre des repas et veiller à leur régularité. Il ne faut pas forcer à manger. Il convient de laisser le temps de mâcher, le temps d’avaler et le temps de la digestion.

Le constat alarmant : l’indigestion stratégique généralisée

Force est de constater la haute fréquence de succession des nouvelles stratégies et de leurs changements. Les stratégies et plans d’actions se succèdent. Parfois ils se chevauchent, voire se contredisent. Les équipes doivent les ingurgiter jusqu’au trop-plein et en perdent l’appétit.

Ces équipes n’en peuvent plus. Naturellement, elles n’y croient plus. De là à déplorer leur non-engagement !!!

Les trois causes de la volatilité managériale destructrice

Les raisons de cette haute volatilité sont multiples. Elles résultent, entre autres, de trois phénomènes principaux.

D’abord, la valse des cadres dirigeants : 45% des recrutements de cadres dirigeants européens échoueraient dans les 18 mois.

Ensuite, la valse des modes managériales. Ces modes incitent les dirigeants confrontés aux difficultés à suivre la tendance quasiment au rythme de la mode vestimentaire.

Enfin, le désarroi réel et bien compréhensible de nombre d’entre eux. Ils font face à l’incertitude, aux inconnues et à l’instabilité du contexte actuels.

Et si nous changions de régime ?

Face à cette épidémie d’indigestion stratégique, il est temps d’agir. La solution ne réside pas dans l’arrêt total des changements, mais dans l’adoption d’une hygiène managériale plus saine.

Commencez dès aujourd’hui par trois gestes simples :

Premièrement, faites le diagnostic nutritionnel de votre organisation. Combien de nouveaux projets stratégiques avez-vous lancés ces 12 derniers mois ? Vos équipes ont-elles eu le temps de les digérer ?

Deuxièmement, instaurez des temps de jeûne stratégique. Accordez à vos collaborateurs le temps d’assimiler pleinement les changements en cours avant d’en introduire de nouveaux.

Troisièmement, devenez un chef cuisinier de la stratégie. Préparez vos changements avec soin, servez-les au bon moment et laissez vos équipes savourer chaque transformation.

Vos collaborateurs retrouveront l’appétit du changement. Votre organisation reprendra des forces. Et vous, vous redécouvrirez le plaisir de diriger une équipe épanouie et performante.

L’action commence maintenant : quelle sera votre première mesure pour lutter contre l’indigestion stratégique dans votre organisation ?


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Stratégie et culture : quand le repas d’entreprise vire à la soupe à la grimace

Quand la culture refuse votre stratégie et la vomit.

La phrase « la culture mange la stratégie au petit déjeuner » est sur toutes les lèvres, mais et si on s’était trompés de cible ? Cette idée, souvent brandie pour expliquer l’échec d’une initiative, pointe du doigt la culture d’entreprise comme un monstre insatiable. Et si le problème ne venait pas de la culture, mais du chef ?  Le manager qui a concocté la stratégie. Lorsque la culture d’entreprise rejette systématiquement votre stratégie, la tentation est grande d’accuser la résistance au changement. Pourtant, cette situation révèle souvent des erreurs de leadership fondamentales.

Les trois erreurs du dirigeant-chef

Comme un chef cuisinier face à des plats boudés, le dirigeant doit s’interroger sur ses propres pratiques :

Une mauvaise recette mal préparée qui provoque le rejet: Votre stratégie manque peut-être de saveur, de cohérence ou d’attrait, elle est mal « cuisinée ». Elle ne prend pas en compte les réalités du terrain et ne suscite ni l’envie, ni l’adhésion. Une stratégie « indigeste » provoquera naturellement le rejet.

Un chef inattentif qui ignore les goûts de ses équipes : Avez-vous pris le temps de connaître vos équipes, leurs besoins, leurs « allergies » aux changements et leurs « préférences alimentaires » ?  Avez-vous pris en compte les valeurs, contraintes et aspirations de vos collaborateurs ?  Vous avez imposé un plat sans vous soucier des convives. Un bon hôte connaît ses invités.

Un pédagogue absent : Vous n’avez pas su « vendre » les vertus de votre plat. Vous n’avez pas expliqué en quoi cette nouvelle stratégie était un investissement pour l’avenir, un « régime » qui contribuerait à la croissance de chacun et à la bonne santé de l’entreprise. Les bienfaits de votre stratégie ne sont pas évidents ? C’est à vous de les démontrer et d’accompagner vos équipes dans cette découverte.

Devenez un chef étoilé de la stratégie

Les dirigeants d’exception, comme les chefs étoilés, maîtrisent quatre dimensions :

    • L’innovation créative

    • La qualité des « ingrédients » (ressources, processus)

    • L’accueil et l’écoute des équipes

    • La transmission et l’éducation

Ils savent :

    • Innover en proposant des stratégies surprenantes, mais pertinentes.

    • Respecter leurs équipes en les éduquant et en leur faisant découvrir de nouvelles saveurs.

    • Engager en les invitant à la table, ou même en cuisine, pour co-créer la recette. Ils ne sont pas au-dessus de leurs équipes, mais à leurs côtés.

Plus encore, ils n’hésitent pas à partager le repas avec leurs équipes et, mieux encore, à préparer et cuisiner ensemble la stratégie de demain.

Faites évoluer votre façon de cuisiner la stratégie et échangeons nos meilleures recettes.

La culture ne mange pas la stratégie. Elle la recrache quand elle est indigeste. La réussite d’une stratégie réside dans la capacité du manager à être un véritable chef, un hôte bienveillant et un pédagogue inspirant.

Cessez d’accuser vos équipes de résister au changement. Questionnez vous d’abord : votre stratégie est-elle vraiment appétissante ? Votre leadership est-il à la hauteur d’un chef étoilé ?

Ne laissez pas votre stratégie finir au rebut. – Soignez vos ingrédients, – Adaptez là aux réalités humaines, – Et invitez vos équipes à en co-créer la recette.

C’est ainsi que la stratégie nourrit la croissance collective.

Votre défi

Identifiez dès aujourd’hui une stratégie « rejetée » dans votre organisation. Appliquez la grille des trois erreurs et transformez vous en véritable chef d’orchestre du changement.

Et vous, quelle sera la prochaine recette que vous proposerez à vos équipes? Partagez vos idées en commentaire !

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Quand l’humain devient un rouage : la révélation glaçante d’un consultant repenti mais non démissionnaire.

J’écoute à l’instant l’interview de David Naïm  par Julie Gacon dans les Matins de l’été de France Culture à l’occasion de la sortie de son roman «  Le consultant » (au Editions la Goutte d’or) (à écouter grâce à ce lien à partir de la 39 ème minute).

David Naïm Associé d’un des grands cabinets de conseil de stratégie nous y livre son analyse  particulièrement éclairante de notre système et de son évolution actuelle qui tend à faire de l’homme un élément du dispositif technicien er à le réduire à ce rôle. David Naïm, à travers son expérience de consultant, révèle comment nous assistons à un moment historique où l’humanité risque de perdre sa dimension proprement humaine pour devenir un simple rouage dans une machinerie technique globalisée.

L’exemple révélé par le Financial Times du projet « Gaza Riviera » sur lequel une équipe de consultants de BCG illustre parfaitement cette déshumanisation : pendant 7 mois, 12 employés ont travaillé sur cette initiative « sans les Gazaouis », facturant plusieurs millions de dollars. Cette anecdote révèle un système qui « refuse de voir que ce projet de domination sur la nature est une illusion » et où « on regarde l’homme non comme un sujet » mais comme un élément manipulable du dispositif technique.

Il nous rappelle que « l’humanité a lâché l’affaire » mais qu' »il y a d’autres systèmes de pensée ». Face à l’oubli de l’être, l’auteur plaide pour une résistance qui passe par la conscience et la transformation plutôt que par la fuite.

Le diagnostic de David Naïm nous confronte à une question essentielle : comment préserver l’humain dans un monde qui tend à le réduire à un simple élément technique au service du pouvoir et de la consommation ? Sa réponse, entre lucidité et espoir, mérite notre attention.

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Et si les incohérences étaient la vraie force des organisations ?

Un regard à contre-courant du management traditionnel

Dans un monde managérial dominé par la quête d’efficacité et la recherche d’alignement, l‘écoute du podcast de Paolo Andreassi sur les paradoxes organisationnels nous invite à un salutaire pas de côté. Elle étonne, elle interroge, et surtout, elle invite à une humilité bienvenue.

La cohérence paradoxale : une stabilité par les contradictions

Paolo Andreassi par l’évocation de la cohérence paradoxale renverse la perspective habituelle : loin de voir les contradictions internes comme des dysfonctionnements à corriger, il les érige en véritables piliers de stabilité. Une organisation ne fonctionne pas malgré ses incohérences, mais grâce à elles. C’est ce que traduit le concept de la cohérence paradoxale.

L’illusion de l’alignement total

Ce regard entre en collision frontale avec la posture classique du manager « performant », qui cherche à homogénéiser les pratiques et à gommer toute ambiguïté. Or, supprimer les zones grises revient bien souvent à priver les équipes de leur capacité d’adaptation locale.

La résistance au changement, une réaction logique

La « résistance au changement » devient alors compréhensible : ce n’est pas le changement en lui-même qui est refusé, mais la disparition des marges de manœuvre qui permettaient aux équipes de gérer localement la complexité.

Une méthode en trois temps

Paolo Andreassi nous propose une approche pragmatique en trois étapes :

  1. Cartographier les paradoxes actifs : repérer les tensions qui traversent les pratiques.

  2. Comprendre leurs fonctions : analyser leur rôle dans l’équilibre organisationnel.

  3. Concevoir des régulations hybrides : intégrer une part de diversité dans un cadre partagé, en coconstruisant avec les équipes.

La sociologie des organisations comme boussole

Dans cet appel à la compréhension et à la construction d’un savoir se trouve l’essence même due la sociologie et notamment de la sociologie des organisations. La sociologie des organisations nous rappelle que comprendre précède l’action. Elle invite à observer sans juger, à s’étonner, et à replacer les pratiques dans les réalités vécues.

Vers un changement de posture managériale

Ce que ce podcast propose, c’est moins un changement d’outils qu’un changement de posture : passer d’un management prescripteur à un management observateur et interprète. Un bon manager ne cherche pas à tout lisser, mais à orchestrer les tensions utiles.

Et maintenant ?

Et si, au lieu de chercher à tout maîtriser, nous commencions par observer nos propres paradoxes organisationnels ? Quelles tensions vivent nos équipes au quotidien ? Où se cachent ces incohérences productives qui font tenir l’ensemble ? Prenons un temps pour écouter le terrain, cartographier les contradictions, et coconstruire les règles du jeu.

Managers, dirigeants, RH : osez troquer la recherche d’alignement parfait contre une vraie compréhension des dynamiques locales. C’est souvent là que se loge la vraie résilience.

 Et vous, comment accueillez vous les incohérences dans votre organisation ? Partagez vos expériences ou réactions en commentaire. Continuons ensemble cette réflexion essentielle.

Un immense merci à Paolo Andreassi pour cette inlassable et brillante promotion d’une sociologie des organisations résolument opérationnelle, qui donne aux managers des outils pour penser autrement leur action. Sa démarche est précieuse : elle réintroduit l’intelligence du réel là où trop souvent ne règne qu’une logique de conformité.

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Prendre la bonne décision : entre réflexion et intuition.

L’équilibre selon Isocrate et ses conseils à Demonicos

«Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions». Cette citation d’Isocrate qui conclut avec pertinence l’article de Lina Alami ami résume l’équilibre que prône son auteur dans ses « Conseils à Demonicos ». Isocrate, orateur et philosophe athénien (436-338 av. J.-C.), disciple de Socrate et contemporain de Platon, y offre à Demonicos des recommandations morales et pratiques destinées à le (nous) guider dans sa (notre) conduite personnelle et publique.

L’essentiel : la prise de décision

Mais il y manque l’essentiel que traite heureusement @Lina Alami dans sa présentation : la prise de décision. En synthèse, cette prise de temps nécessaire à la prise de décision sera riche de la diversité des points de vue mobilisés, entendus et débattus, en envisageant les points de vue contraires et les impacts des décisions envisagées.

Nous notons que Lina Alami prend soin, avec raison, d’évoquer, entre autres composantes du dispositif de décision, la prise en compte des critères de décision, thème sur lequel nous avons eu le plaisir d’échanger.

L’importance des critères de décision

Pour ma part, j’y attache une importance toute particulière dans la mesure où ces critères ne sont que rarement définis et officialisés alors même qu’ils sont toujours à la base de toute décision. Bien souvent non formulés, ils influencent, alors, nos choix à notre insu. Nous gagnons tous et toujours à les définir et à les considérer en toute conscience, faute de quoi nous risquons d’être mus par notre inconscient et d’agir en toute inconscience.

Intuition ou prise de décision éclairée ?

Certains, rebutés par cet effort de connaissance réflexive de soi et du groupe qui travaille sur ces critères, privilégient l’intuition. Pour ma part, je ne vois dans l’intuition que l’expression de critères de décision auxquels on n’a pas donné la parole et qui, n’ayant pas eu la chance d’être exprimés, revendiquent inconsciemment leur prise en compte. Alors oui, merci , dans ce cas, à l’intuition de palier, en cas d’absence d’un effort de conscientisation de nos critères de décision, cette décision prise à leur insu.

Nos critères de décision nous définissent

Tendons le micro à nos critères de décision : ils nous sont uniques et nous définissent aussi distinctement que nos empreintes digitales. C’est au travers de cette grille de décision (plus ou moins consciente) que nous accédons à notre réalité et que nous nous y engageons.

Traduire la réalité en toute conscience

Par notre appréhension du monde, nous interprétons en permanence la réalité. Nous en sommes les traducteurs. Assurons-nous d’en être de bons traducteurs, de bien traduire cette réalité et d’éviter les faux sens en étant conscients du dictionnaire que nous utilisons et en l’enrichissant constamment.

Une démarche pour mieux décider : ActEval

C’est à l’écriture, à l’adaptation et à l’enrichissement de ce dictionnaire, et surtout à sa consultation, que j’invite et accompagne dans la démarche ActEval (« Évaluation de l’Action – une approche d’aide à la prise de décision ») que j’ai développée, forte de ce constat et de cette intime conviction.

J’avais tout gamin un instituteur en blouse grise (c’est vous dire si cela date) qui posait en permanence un dictionnaire sur son bureau et qui nous invitait à nous y référer dès que nécessaire. Ce maître dont j’ai toujours le plus vif souvenir s’appelait Monsieur Briolay et je lui dois beaucoup.

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Décision et action : entre rationalité et pragmatisme ?

 

Cognitivisme vs Pragmatisme : Deux visions du monde

Christophe Keromen, en analysant l’article de Philippe Larino « Pour un bilan raisonné du cognitivisme », nous confronte à une question fondamentale : quelle est notre vision du monde ? Entre une approche cognitiviste (Herbert Simon) et une approche pragmatiste (Follett, Dewey, Weick), notre choix influence directement notre manière de décider et d’agir.

La place de la décision : un enjeu central

La comparaison établie par Christophe Keromen met en évidence un point essentiel : le rôle de la décision. Dans le modèle cognitiviste, « on cherche à choisir la meilleure option pour agir efficacement. » Dans le modèle pragmatiste, « la décision émerge de l’interaction avec la situation« . Le premier modèle est « prescriptif et rationnel« , le second est « dynamique et situé. »

Une opposition artificielle ?

Il serait hasardeux d’opposer frontalement ces modèles sur la base de la décision et de l’action. En réalité, ce qui distingue ces approches, ce n’est pas tant la rationalité du cognitivisme, mais son caractère prescriptif. Un cadre rigide appliqué sans tenir compte des réalités du terrain risque de devenir un dogme, ignorant les évolutions contextuelles.

Le pragmatisme : une rationalité ancrée dans le réel

Il est trivial de rappeler que, même dans une démarche pragmatiste, la décision précède toujours l’action. Elle repose sur une rationalité adaptative, tenant compte des imprévus tout en suivant un cap défini. Ainsi, disposer de critères de décision explicites et solides permettant de garder le cap, en dépit des difficultés rencontrée en chemin, est crucial pour une prise de décision efficace.

L’importance des critères de décision

Le constat s’impose souvent d’un manque d’explicitation des critères de décision, tant pour les entrepreneurs que pour les entreprises. La liste de ces critères une fois explicités, à bien y regarder, est unique et spécifique à l’entrepreneur et à son entreprise. Elle en est l’empreinte digitale et l’incarnation de sa culture et de ses valeurs.

Une approche structurée et raisonnée avec « ActEval »

Construire des critères pour des décisions éclairées

Fort de ce constat, l’approche « ActEval », développée et portée par RéSolutions, permet de construire ces critères essentiels. Grâce à cette grille de décision, l’entrepreneur et son entreprise disposent d’un véritable outil pour décider et agir avec pragmatisme et rationalité.

Êtes-vous sûrs de votre décision ?

Avant d’agir, il est crucial de s’assurer que nos choix ne nous trompent pas. Une décision mal fondée peut nous éloigner de notre projet et de notre essence profonde.

Alignement entre raison d’être et mission

Nos décisions doivent être en cohérence avec notre raison d’être et notre mission. Une réflexion explicite et structurée permet d’éviter toute trahison involontaire de nos valeurs et de notre vision.

Assurons nous que, forts de notre grille de critères de décision, nous sommes en mesure de décider et d’agir en tout pragmatisme … et en toute rationalité.

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