Le jounaliste Jean-Laurent Cassely consacre son livre « La révolte des premiers de la classe » (Arkhé, 2017) au phénomène des reconversions professionnelles radicales et ce qu’elles impliquent pour le futur marché du travail et de nos (notre) société(s).
En synthèse quelques extraits de l’interview donné par l’auteur au site Usbek & Ruca (Voir l’interview complet) :
- « Il y a quelques années, on avait peu d’incubateurs de start-up. Aujourd’hui, on en trouve à tous les coins de rue »
- « La dégradation des métiers de cadres est autant due au fait que tu t’endors devant un Powerpoint qu’à l’influence de la pop culture ». Le phénomène d’exode des open-space provient de la dégradation, réelle comme symbolique, des métiers de cadres.»
- « La Défense n’est plus le modèle. »
- « De même que les ouvriers ont été les travailleurs non-qualifiés de masse de la révolution industrielle, le col blanc sera assimilé à l’ouvrier de l’économie immatérielle. »
- « Les néo-artisans sont avant tout des marchands de symboles. »
- « Pour que le modèle fonctionne, il faut que les reconversions ne concernent qu’une partie de la population. »
- « Ce phénomène de retour au local est en fait global, ou en tous cas décliné, donc quelque part standardisé. »
- « Beaucoup de jeunes qui sortent d’école vont directement s’établir comme bistrotier ou restaurateur. Ils sautent la case »bullshit job » »
- « On pourrait se dire que c’est un truc d’enfant gâté, mais je ne le pense pas »
- « C’est le cœur de ce phénomène : ça ressemble à une révolte, mais en fait, c’est une forme de refondation ». On a plus affaire à une rénovation de l’économie de marché qu’à une critique radicale de celle-ci ou à une volonté d’en sortir. »
- « Une critique artistique et non sociale du capitalisme» «Dans leur livre Le nouvel esprit du capitalisme, Luc Boltanski et Ève Chiapello distinguent deux types de critiques du capitalisme : la critique artiste et la critique sociale. La critique sociale porte sur les inégalités sociales et salariales. La critique artiste porte plutôt sur l’inauthenticité des modes de vie, la laideur du monde et des objets de consommation contemporains, la critique de la publicité, et insiste sur l’épanouissement de l’individu, notamment dans la sphère professionnelle. Pour moi, les néo-artisans mettent en oeuvre cette « critique artiste » du capitalisme. Il y a donc un aspect critique indéniable, mais – et c’est ce qui fait l’intérêt du phénomène – c’est par cette critique que l’économie de marché se renouvelle.»