Contre les solutions toutes faites : l’héritage vivant de François Dupuy.

 

Un grand merci à Nicolas MARIOTTE pour cette mise en lumière précieuse des travaux de Francois Dupuy, dans la continuité de ceux de Michel Crozier. Pour ma part, je placerais « la connaissance précise du terrain » et « l’intelligence des acteurs » (laquelle découle directement de la première) non « pour finir », mais comme point de départ fondamental de toute création de savoir, fidèle à l’esprit de ce que François Dupuy appelait « la connaissance élaborée ».

 Une critique lucide de la pensée managériale contemporaine

@Nicolas Mariotte rappelle combien @François Dupuy dénonçait l’appauvrissement de la pensée managériale, alimenté par les solutions prêtes à l’emploi, proposées par les écoles de commerce et les cabinets de conseil.

Ayant eu l’honneur et le plaisir de travailler trois ans aux côtés de François Dupuy chez Mercer Delta — qu’il dirigeait alors — et ayant ensuite entretenu avec lui des relations proches, j’ai eu le privilège de l’interviewer à l’occasion du 150ᵉ numéro de RéSolutions Hebdo.

La fidélité aux sciences sociales : un combat difficile

Lors de cet entretien, alors qu’il y regrettait le faible investissement des cabinets de conseil dans la production de connaissance, au profit de « modèles pré-élaborés », je lui rappelai qu’il avait lui-même dirigé un cabinet de conseil. Voici la réponse qu’il me fit :

« Le cabinet que j’ai dirigé était entièrement tourné vers les sciences sociales (ou comportementales) appliquées au conseil. C’est une position que le fondateur de ce cabinet, ensuite intégré au groupe Mercer, n’a pas pu tenir longtemps. Petit à petit, il s’est « normalisé » et les approches spécifiques qu’il avait développées se sont progressivement estompées au profit des pratiques classiques du conseil. »

Il nous livrait là un témoignage précieux sur la difficulté de résister à la pression du marché.

 Le piège du « solutionnisme »

Cette remarque ouvre une autre question, qui mériterait à elle seule une véritable « connaissance élaborée » : celle du tropisme « solutionno-centré » des cabinets de conseil et des écoles de commerce, qui répond lui-même à une demande similaire des entrepreneurs, avides de solutions clés en main.

Comprendre et dépasser cette quête de solutions faciles

Il y a là la matière à une connaissance qui reste à élaborer et à dépasser de cette préférence. Elle me semble essentielle et incontournable pour la dépasser. C’est là me semble-t-il que devrait en priorité porter les travaux des sociologues de l’organisation. En bon stratège, il convient toujours, une fois posée le « Futur voulu » de s’attaquer à l’identification du « rocher qui fait obstacle sur votre route » et d’identifier les moyens de le dépasser.

Ensemble, réhabilitons la pensée complexe

À l’heure où la tentation des raccourcis est grande, inspirons-nous de l’exigence intellectuelle que nous a légué Francois Dupuy uy pour remettre la connaissance élaborée au cœur de nos pratiques. Continuons ensemble à questionner, comprendre, penser — avant d’agir.

Pour prolonger la réflexion

Je vous invite à (re)découvrir les trois interviews accordées par Francois Dupuy à RéSolutions Hebdo pour nourrir cette réflexion fondamentale sur la réalité et l’avenir du management.

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