Guillaume Rosquin dans son article « Vivons nous dans un sociomythe ? » nous retrace le cheminement de ce sens qui en chemin s’est perdu.
Une courte synthèse …
Au XVIIᵉ siècle, l’Europe vivait sous le signe de la téléologie : chaque vie était un récit tendu vers un destin, une finalité supérieure. Puis vint le XIXᵉ siècle, avec son cortège d’usines et de sociologues, qui réduisit l’individu à un rouage dans une machine sociale. Le XXᵉ siècle acheva de dissoudre le mythe du libre arbitre : l’identité ne se définissait plus par ce que l’on poursuivait, mais par où l’on se trouvait et la fonction occupée – « ici j’habite, là je travaille ».
Aujourd’hui, le XXIᵉ siècle radicalise cette logique. Les technologies de surveillance et les algorithmes ont transformé nos vies en données cartographiables, nos désirs en pulsions marchandes. Nous oscillons entre deux rôles : producteur le jour, consommateur le soir. Même l’artiste, dernier symbole de liberté, doit plier son génie aux lois du marché. L’homme libre est devenu un homme rentable.
Et si cette analyse nous révélait une vérité dérangeante ? Nous croyions vivre dans des sociétés rationnelles, mais ne sommes-nous pas prisonniers d’un sociomythe – une fiction collective où la liberté n’est qu’une illusion bien huilée ?
… qui nous invite à un double mouvement dans une double interrogation :
– Dénaturaliser l’évidence : Pourquoi acceptons-nous que notre valeur se mesure en likes, en productivité, en données ?
– Réinventer des marges : Si le marché a colonisé jusqu’à nos désirs, où trouver des espaces de résistance ?
L’incongruité d’un tel texte sur Linkedin ?
Ce texte a trouvé sa place, notamment, sur LinkedIn et l’on pourrait s’en étonner ou s’en réjouir. Linkedin est souvent le temple de l’optimisation professionnelle, où l’on célèbre la performance, la visibilité, la « marque personnelle ». Publier une telle réflexion ici, c’est :
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Briser le consensus : Rappeler que derrière les KPI et les algorithmes, il y a des questions existentielles – et que le travail n’est pas une fin en soi.
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Provoquer un débat nécessaire : Dans un réseau où chacun se vend comme une « success story », interroger la marchandisation de l’humain (y compris des artistes) est un acte de salut public.
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Montrer que la pensée critique a sa place : LinkedIn n’est pas qu’un CV géant. C’est aussi un lieu pour repenser le monde du travail, ses dérives, et ses alternatives.
Le partage de ce texte pour un débat salutaire
Un immense merci à Guillaume Rosquin pour cette analyse lucide et courageuse, qui ose lier philosophie, histoire et critique sociale avec une belle élégance. Un merci aussi à Olivier Frérot, qui donne une tribune à des textes exigeants, loin des pensums médiatiques.
Ce genre de réflexion est précieux. En partageant ce texte, vous offrez à votre réseau une pause réflexive – un moment pour se demander :
« Et si la vraie réussite n’était pas d’être visible, mais d’échapper à l’invisibilité des systèmes ? »
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