Cet article s’appuie sur l’étude publiée dans le Financial Times par John Burn-Murdoch et commentée par Ross Dawson, qui analyse l’évolution de quatre des dimensions de personnalité sur les dix dernières années : le caractère consciencieux, le névrosisme, l’agréabilité, l’extraversion. Il est à remarquer que la cinquième dimension : l’ouverture à l’expérience n’est pas évoquée.
Les « jeunes » au centre… ou pas. Mettre dans le titre le projecteur sur les « jeunes » peut, selon l’âge du lecteur, soit attirer l’attention, soit provoquer un certain recul. Pourtant, les données récentes invitent à regarder plus largement : toutes les générations sont concernées, et particulièrement par l’évolution de la dimension « Extraversion ».
Les 40-50 ans : une évolution parallèle . Chez les 40-50 ans, la tendance suit celle des 16–39 ans, mais avec une ampleur moindre. Ce décalage s’explique par un point de départ plus positif sur chacune des dimensions observées. En 2014, cette tranche d’âge déclarait en moyenne un niveau d’enthousiasme social plus élevé, ce qui amortit la baisse observée aujourd’hui… sans l’empêcher.
Les plus de 60 ans : stables sur les trois premières dimensions… mais pas pour longtemps. Les plus de 60 ans restent globalement semblables à eux-mêmes sur les 3 premières dimensions, mais semblent atteints de … jeunisme sur la quatrième dimension.
Extraversion : un signal d’alerte majeur. La baisse de l’extraversion est l’indicateur le plus préoccupant. Ce repli sur soi, progressif mais constant, menace l’avenir des trois autres dimensions observées. Les plus de 60 ans, pourtant plus stables ailleurs, n’y échappent pas. L’isolement devient une tendance commune, touchant toutes les générations. Ce repliement sur soi gagne et plonge toutes les générations dans le même isolement individualiste.
Un risque commun à toutes les générations De tous les indicateurs étudiés, l’extraversion et son évolution parait le plus annonciateur de l’évolution des trois autres composantes. « Jeunes et moins jeunes, même combat », pourrait-on dire. Mais ce combat n’est plus toujours « avec » les autres ; il tend dangereusement à devenir « contre ».
Retisser le lien social. Le problème des jeunes est qu’ils ont vocation à vieillir. Si la baisse de l’extraversion se poursuit, l’avenir risque d’être encore plus solitaire pour chacun. Agissons dès maintenant : multiplions les occasions de rencontres, valorisons la participation communautaire, engageons-nous dans des projets collectifs. Retisser le lien social n’est pas un luxe, c’est une urgence. Il est urgent d’apprendre à vieillir ensemble !