Comprendre avant de juger : l’intelligence des comportements.

« Mais qu’il est c… !« 

SI vous ne l’avez jamais pensé au constat d’un comportement ou d’une remarque d’un de vos c..génères vous méritez non le Prix Nobel de sociologie, qui n’existe pas, mais à défaut le prestigieux Prix Holberg qui en tient lieux pour les sciences humaines, sociales.

A quand un Prix Nobel des Sciences Humaines ?

Rappelons que le Prix Nobel a été créé en 1895 par testament d’Alfred Nobel. Qu’il ait fallu attendre 2003 pour que le Prix Holberg soit créé en Norvège montre assez que la science honorable d’un prix a longtemps été cantonnée à l’utile et à l’objectif de la physique de la chimie, de la médecine, de l’économie,…, lesdites sciences sociales n’ont toujours pas droit à la médiatisation du Nobel. En effet qui d’entre nous a déjà entendu parler du Prix Holberg ? Un prix qui a pourtant honoré, entre autres, Bruno Latour ou Jürgen Habermas…

Une marginalisation des sciences sociales

J’en tire un constat sous-jacent : à l’abri de cette non reconnaissance des sciences sociales tenues si longtemps à l’écart des tapis rouge, ont pu prospérer tous nos « Mais qu’il est c.. ! ». Une interjection qu’il nous arrive de proférer d’un air aussi affirmatif qu’exaspéré loin de tout effort de compréhension du pourquoi de ce comportement décrié.

L’intelligence des acteurs : une clé universelle

J’ai souvent écrit sur le sujet mais je ne me lasse pas de le faire chaque fois que l’occasion m’en est donnée. Ce concept « d’intelligence des acteurs » résume pour moi toute la sociologie et sa démarche. Il est d’une simplicité extrême et sa compréhension et encore plus sa mise en œuvre résume toute la démarche sociologique. Il exonère, à lui seul, de la lecture de tous les ouvrages de sociologie et de l’écriture de thèses interminables. Parler de l’intelligence de l’acteur ne revient pas à évaluer, à vanter ou décrier le niveau de son QI. Il s’agit tout simplement, et en permanence, de se poser une question toute simple face à autrui : « Quelles sont ses bonnes raisons d’agir comme il agit ? ».

Un changement radical de point de vue

La question est simple mais oh combien difficile à adopter réellement et en permanence. Il y faut un changement complet d’état d’esprit, un changement d’angle de vision, en se transposant dans les chaussures de son vis-à-vis. Cela peut aller même à se voir soi-même dans le regard de l’autre … Un proverbe (soi-disant) sioux dirait qu’il ne faut juger l’autre qu’après avoir chaussé ses mocassins et marché avec. Dans cette idée, j’ai pour habitude de poser cette question « Connaissez-vous réellement la pointure de vos clients ? » et je ne me berce de pas trop d’illusions sur la nature de la réponse.

Un système éducatif peu propice à la décentration

Je m’efforce, notamment auprès de mes étudiants, de mes clients et contacts, d’inculquer ce changement de point de vue mais sans me bercer, là non plus, de trop d’illusion tant le changement de point de vue est radical. Un point de vue qui est à l’opposé de la centration sur soi  portée par tout  notre système de pensée tutorisé puissamment par notre système économique et notre système éducatif qui le sous-tend.

 Une compréhension des bonnes raisons… qui sont parfois mauvaises

La question n’est pas d’accepter tout comportement mais bien de les comprendre avant éventuellement de les juger et de tenter alors de les faire évoluer. Comprendre ne revient pas à dire « accepter ». De bonnes raisons peuvent n’en n’être que de mauvaises une fois comprises et analysées dans toutes leurs conséquences autant pour la personne que pour son environnement.

Une compréhension indispensable à une transformation réussie

Comme je l’évoque dans cet article « L’intelligence des acteurs : comprendre pour transformer » seule cette compréhension de l’intelligence des acteurs peut permettre une transformation réussie.

Une posture de compréhension…

Cette posture de compréhension (à proprement parler de com-préhension) est gage d’une relation apaisée et « adulte » et évite de coller des solutions sur des problèmes non « auscultés ». C’est simple vous dis-je. Il suffit d’oublier que cela est de la sociologie et de reconnaitre que c’est tout simplement la nécessaire compréhension de l’autre, sa prise en compte et son respect.

 Une posture de com-préhension

Une posture dans laquelle nous avons notre place tout autant que l’autre. Ce « com » (de « cum » avec) est notre assurance contre ce « c.. » que l’on décriait. Il a toute son importance car dans cette compréhension il s’agit de ne pas s’oublier et de prendre en compte tout autant nos bonnes raisons d’agir et de réagir comme nous le faisons.

Un partage de raison(s)

Alors pourquoi s’en priver ? Elle est la clé à la réussite de chacune de nos actions sachant qu’aucune de nos actions n’intervient dans un monde en apesanteur et sans interlocuteur ou pourrait-on dire d’« interacteur ». Ayons l’intelligence de la reconnaitre.

Face aux comportements qui nous irritent, essayons de nous poser une seule question : Quelles sont les bonnes raisons derrière cela ? Ce simple geste d’attention et d’empathie pourrait bien être le début d’un changement personnel, relationnel et collectif. Faisons vivre l’intelligence des acteurs : comprenons pour transformer.

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Pensez sans étiquette.

Redécouvrir le sens de « s’adresser »

Tout gamin, j’ai appris qu’il fallait se découvrir pour s’adresser à quelqu’un. Ce geste de respect disait déjà beaucoup. Aujourd’hui, la casquette est devenue capuche, lunettes de soleil, AirPods… autant d’écrans. Mais que signifie vraiment « s’adresser » ? C’est chercher l’adresse de l’autre, là où il est, mentalement, émotionnellement. Et combien de nos messages échouent, étiquetés NPAI : N’habite Pas à l’Adresse Indiquée… ?

 Nos casquettes : des filtres et des cages

Dans nos échanges, nos « casquettes » (professionnelles, sociales, intellectuelles) deviennent des filtres pour autrui et parfois des prisons pour nous-mêmes. Elles figent la relation. Elles réduisent la personne à une fonction, une méthode, une posture.

Penser au-delà de l’étiquette

La lecture d’un article de Jérôme Lecoq « Nos croyance nous enferment-elles ? Libérer sa pensée par la pratique philosophique. » m’a ramené à cette conviction : ce n’est pas la méthode qui compte, mais la finalité. Se revendiquer d’une approche (philosophie, sociologie, systémique, etc.) peut rassurer… ou repousser. Ce qui compte, c’est la pensée vivante sous la casquette et le « chef » qui est ainsi couvert. C’est la capacité d’accueillir et de coconstruire une réflexion, dans une relation humaine.

Ce que le client cherche vraiment

Un client ne cherche pas une « méthode », il cherche une transformation. Comme celui qui appelle un plombier ne se soucie pas de sa caisse à outils, mais veut voir son dégât des eaux résolu. Ce qui inspire confiance ? Les recommandations, l’expérience, la qualité de l’échange. Pas une étiquette plaquée sur le front.

Une invitation à changer de couvre-chef

Sortons de cette pensée limitante. Ne soyons plus définis par nos titres, nos écoles ou nos modèles. Soyons ouverts, curieux, adaptables. Cela renforce notre posture, élargit notre impact, et rend notre présence plus accueillante, moins à l’écoute de nos savoirs, et plus curieuse de l’autre et de la situation.

Un chapeau à multiples reflets pour penser autrement

Si vous tenez à rester « couvert », troquez la casquette pour un haut de forme à huit reflets : un symbole de pensée multi-éclairée. Soyez ce professionnel capable de réfléchir à travers différents prismes : sociologie, économie, philosophie, stratégie, psychologie… Et renvoyez, comme le huit reflets, des lumières multiples, adaptables, vivantes.

Et vous, que reflétez-vous ?

Alors, et vous ? Quelle lumière reflétez-vous ? Êtes-vous prêts à troquer votre casquette pour une posture plus ouverte, plus libre et plus humaine ? Faites le choix de la pensée vivante. Échangeons autrement.

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L’improvisation : l’art de la vie.

Un concert mythique, une leçon d’improvisation

Le 24 janvier 1975, Keith Jarrett donnait un concert à l’Opéra de Cologne. Ce moment unique de 66 minutes d’improvisation est considéré comme la « Joconde du Jazz ». Redécouvert grâce à l’émission On ne s’improvise pas improvisateur animée par Adèle Van Reeth sur France Culture, ce concert devient prétexte à une méditation profonde : l’improvisation est-elle pure inspiration ou le fruit d’un long entraînement ? Et plus fondamentalement, notre vie n’est-elle pas qu’une permanente improvisation ?

Improviser : don ou discipline ?

Keith Jarrett lui-même pose la question : improvise-t-il « à partir de rien » ou à partir d’un « plein » construit au fil du temps ? Ce rien, loin d’être un vide, serait plutôt une richesse enfouie qui surgit. L’improvisation apparaît alors non comme une illumination divine, mais comme une compétence façonnée, enracinée dans l’habitude et la pratique.

L’art de transformer l’accident en opportunité

Improviser, c’est être capable de capter les signaux de l’environnement et d’en faire quelque chose. Jarrett ouvre son concert par les notes « Sol Ré Do La », écho direct à la sonnerie de l’opéra. C’est ce que les anthropologues appellent « affordance » : la capacité d’agir en s’appuyant sur les opportunités imprévues. L’improvisation, c’est cette manière de composer avec le monde tel qu’il se présente.

Routines créatives : la force invisible du geste

Loin d’être un art du vide, improviser, c’est mobiliser un répertoire de gestes appris, répétés, incorporés. Ce sont ces gestes, transformés en réflexes, qui permettent l’adaptation rapide et la création vive. C’est aussi valable dans la vie quotidienne que dans la musique : nous improvisons tous, à chaque instant.

Fabriquer plutôt que consommer

Jarrett évoque cette image : se faire à manger avec ce qu’on trouve dans le frigo, plutôt que de commander une pizza. Penser, créer, jouer : tout cela demande de partir de ce que l’on a appris et gardé en soi, plutôt que d’imiter des recettes toutes faites.

Improviser, c’est être vivant

L’improvisation est moins un saut dans l’inconnu qu’une réponse inventive à ce qui nous entoure. C’est un art profondément humain, une intelligence du présent nourrie par le passé. Et si, au lieu de chercher à tout planifier, nous apprenions à mieux écouter, observer, et faire avec ce que la vie nous offre ?

Que faisons-nous de ce qu’il y a dans notre frigo intérieur ?

Explorons, jouons, improvisons — la vie est un concert à inventer à chaque instant. Mais n’oublions pas de remplir notre frigo de nos propres emplettes.

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Fuir le conflit, c’est se fuir soi-mêmes

Le conflit comme rencontre

Laurent Quivogne , dans sa chronique « Le lundi, c’est conflit », nous distille une sagesse précieuse : le conflit est une rencontre avec l’autre. Il nous invite à ne pas fuir cette confrontation, car en l’évitant, nous nous privons d’un double bénéfice : éviter l’accumulation de frustrations et exprimer nos besoins profonds.

Fuir le conflit, c’est se fuir soi-même

Mais à bien y réfléchir de quoi avons-nous vraiment peur ? Et si, derrière la peur de l’autre que pointe Laurent Quivogne, se cachait la peur de nous-mêmes ? Le conflit nous confronte à nos zones d’ombre, à nos blessures, à ce que nous portons en silence.

La loi de gravité relationnelle

Comme une force inéluctable, le conflit nous ramène à nous-mêmes, malgré tous nos efforts pour l’éviter. Cette métaphore de la gravité est puissante : en fuyant les tensions, c’est notre propre intériorité que nous tentons d’esquiver en vain car par gravité nous y sommes sans cesse ramenés.

Un constat de sympathie avec soi-même

Alors, avant de tendre un constat d’assurance à l’autre, rencontré par « accident », pourquoi ne pas remplir et nous tendre un constat de sympathie envers nous-mêmes ? Reconnaître notre responsabilité, notre humanité, nos émotions, c’est déjà transformer la rencontre conflictuelle en un espace d’écoute mutuelle.

Hommage à un éclaireur du dialogue

Merci à Laurent Quivogne pour sa persévérance à désarmer les conflits et à en faire des outils de dialogue. Son approche ouvre une voie responsable et respectueuse vers la pacification intérieure et relationnelle.

Et si, cette semaine, nous décidions de ne pas fuir un petit conflit… mais d’en faire une opportunité de rencontre avec-nous-mêmes et avec l’autre?

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Partir, subir ou agir ?

Vous montez dans un train, prêt pour un voyage tranquille. Mais très vite, une odeur nauséabonde envahit l’espace. Que faites-vous ? Vous supportez ? Vous descendez ? Ou vous cherchez une solution ?

Dans un article de RH Info, « Le Syndrome du Train Qui Pue », Maurice Thévenet illustre avec humour une tendance actuelle : fuir dès que l’inconfort devient trop grand. Mais dans le monde du travail, est-ce toujours la meilleure option ? Avant de sauter en marche, explorons d’autres réactions possibles.

1. Quand le train pue dès l’embarquement

Soyons honnêtes : vous saviez dans quoi vous mettiez les pieds. Si malgré l’odeur, vous êtes monté, c’est que le voyage en vaut la peine et que sa destination l’emporte pour vous sur l’inconfort et le désagrément du voyage pour vous y rendre. Se plaindre n’a alors aucun sens.

En entreprise, si vous intégrez une société dont vous connaissez les défauts, inutile de râler. Posez-vous plutôt la question : comment tirer parti de cette situation ?

2. Quand la puanteur apparaît en cours de route

Au départ, tout allait bien. Mais soudain, l’air devient irrespirable. Avant d’accuser les autres, avez-vous vérifié la semelle de vos propres chaussures ?

Transposons cela au monde du travail : avez-vous contribué au problème ? Votre attitude, vos décisions, votre façon de communiquer sont-elles irréprochables ? L’introspection est une étape essentielle avant de pointer du doigt les dysfonctionnements.

3. Et si nous ouvrions une fenêtre ?

Rester passif ou fuir ? Il existe une troisième voie : agir ensemble. Ouvrir une fenêtre, au sens propre comme au figuré, c’est chercher collectivement une solution.

En entreprise, cela signifie instaurer un dialogue, proposer des améliorations, et initier un changement au lieu de subir.

Vous avez une voix. Utilisez-la.

4. Quand la puanteur devient insupportable

Et si malgré tout, l’odeur persiste, devient toxique ? Vous avez tenté d’aérer, de vous adapter, d’impliquer les autres, mais rien ne change. Il est temps d’agir autrement.

Parfois, alerter un tiers (manager, RH, lanceur d’alerte) est nécessaire. Et dans les cas extrêmes, descendre du train, après avoir tiré le signal d’alarme, n’est pas une fuite, mais une décision responsable pour préserver son bien-être. Tirer le signal d’alarme a la vertu de faire arrêter le train et d’en descendre sans risquer le suicide.

Êtes-vous passager ou acteur de votre voyage ?

Le syndrome du Train Qui Pue que nous offre avec grande pertinence Maurice Thévenet est une métaphore puissante de nos réalités professionnelles. Face à l’inconfort, trois options s’offrent à nous : subir, fuir ou agir.

Quelle sera la vôtre ?

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La Grande Démission : Quand le Sens perd son Nord

La symétrie de la grande démission

Comment s’étonner de cette symétrie de la grande démission qu’évoque Maurice Thévenet dans son article  » La grande démission » ? Que par un effet de ressac la grande démission après avoir fait la une commentant la démission des candidats à l’emploi touche aujourd’hui, entrepreneurs et managers ne semble que logique.

Les entrepreneurs et managers touchés

A force de n’avoir pour plus de la moitié des entreprises en recherche de « talents » aucun candidat, d’être contraints par la multiplication de normes de toutes sortes et d’être appelés par les mêmes sirènes sociétales que leurs « non-candidat »s dans une recherche de temps de loisirs, le virus de la démission serait en passe de toucher également les entrepreneurs.

Une logique implacable

Même s’il manque à cet article la preuve des chiffres (on aimerait pouvoir assoir ce sentiment sur des statistiques de ces « démissions ») il est fondé en toute et froide logique.

Des médecins dé-missionnaires

Que les médecins (là encore me manquent des chiffres) visiblement (et par expérience) de plus en plus nombreux à ne pas vouloir s’établir et préférant le statut de remplaçant ou lorsqu’ils sont établis préférant ne travailler que deux jours par semaine en témoigne dramatiquement.

La remise en cause du sens

S’il est une profession qui se définit par son « sens », c’est (ou cela devrait être) celle des médecins. Que ce sens puisse y perdre son sens (chez certains d’entre eux) au profit de la recherche d’un confort personnel et calculé est préoccupant et tend à illustrer cette soi-disant recherche de sens qui ne trouve alors son sens que dans l’ego.

Le dé-missionnement de la Société

Cette remise en cause de la mission de la part d’une profession (prise ici à titre d’illustration et sans vouloir en faire le principal accusé) si fondamentalement construite par une si noble mission, illustre le « dé-missionnement » rampant de la Société. Cette démission est l’envers de ce qui devrait valider la mission à savoir la contribution. Ces démissions sont autant de refus de contribuer et marquent un délitement inquiétant du tissu social.

La conséquence paradoxale

Qu’elle touche à la fois les « non candidats à un emploi » ou les « non offreurs d’emploi », cette démission trouve alors son aboutissement logique dans cette « dé-mission ». Et c’est bien là la conséquence paradoxale de cette recherche de sens tout azimuts et qui affole la boussole de chacun. Lorsque le nord magnétique de la mission et de la contribution n’existe plus et que chacun recherche son propre nord, ne nous étonnons pas que plus personne ne s’y retrouve.

Pour le renouveau d’un engagement à contribuer

Pour conclure, il est essentiel de reconnaître que la (grand)e démission est un phénomène complexe qui nécessite une analyse approfondie et nuancée. Si les chiffres manquent pour étayer certaines affirmations, le but de cet article est de soulever des questions cruciales sur le sens du travail et la contribution sociale. Il invite à une réflexion collective sur la manière dont nous pouvons redonner du sens à nos missions professionnelles et personnelles et à notre engagement à contribuer.

 

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La fin du système ou son acmé ?

Un véritable choc

J’ai ressenti en visionnant cette vidéo un véritable choc. Elle retrace les échanges d’un séminaire de The Heart Leadership University consacrée à la remise en cause du « pouvoir sur » et de la promotion du « pouvoir avec », un pouvoir consacré au bien commun..

Un monde qui n’est plus avant même d’avoir été

Alors que les médias ressassent en boucle les guerres (déclarées ou menaçantes), et que chaque jour nous impose l’affirmation de la toute-puissance et du « pouvoir sur », qu’il soit américain, russe, israélien, mexicain, afghan, vénézuélien, …, ces appels empathiques au bien commun résonnent étrangement. Ils évoquent désormais pour moi un monde qui n’est plus avant même d’avoir été.

De bonnes paroles devenues brutalement inaudibles

Pourtant, ce contexte géopolitique et civilisationnel devrait renforcer le besoin et l’urgence de ces paroles. Malheureusement, elles sont subitement et dramatiquement démonétisées, comme a la suite d’une terrible et subite dévaluation, et ne sont plus guère entendables.

Comment entendre, en effet, ces affirmations « proférées » dans cette vidéo : « On perçoit le réel à travers le filtre de l’amour ! », « Le pouvoir du 21ème siècle, c’est le pouvoir du cœur ! » « Comment passer de l’amour du pouvoir au pouvoir de l’amour ? ».  Mais un participant à cette université a le bon goût d’ajouter alors réaliste : « Bon courage ! »

La fin du système ou son apogée ?

La question est de savoir si le système dont les participants à ce séminaire affirment qu’il est remis en cause et n’a plus d’avenir fait la preuve qu’il est encore bien vivant. Les affirmations du pouvoir qui s’y affirment sans masque et en toute suffisance montrent bien que ce système est bien vivant et à son apogée.

Alors que je partage nombre de ces analyses et des voies d’évolutions souhaitables …

Je partage les analyses faites du pouvoir dans cette vidéo, de ce que ses travers traduisent et des failles qu’il révèle chez ceux qui en abusent, ainsi que des moyens de s’en préserver.

Je partage également les perspectives ouvertes par la prise en compte des écosystèmes. J’invite ceux qui en douteraient à lire l’article que j’ai consacré il y a plusieurs années à ce thème : « L’écologie de votre écosystème d’entreprise ».

…. L’urgence est à combattre le pouvoir de ceux qui l’exercent aujourd’hui en toute omnipotence.

Aussi, ma déception est-elle d’autant plus grande de constater que les voies nécessaires et possibles pour s’en préserver ne sont pas encore, et pire, ne sont plus et de moins en moins d’actualité.

Si la question posée dans cette vidéo « Vous êtes-vous déjà demandé quel est votre rapport au pouvoir ? » a toute sa pertinence et vaut d’être posée, elle vaudrait avant tout d’être adressée à ceux qui ont et exercent le pouvoir.

Un pouvoir duquel nous dépendons et que ces hommes de pouvoir nous imposent. Avant de pouvoir affirmer que c’est l’amour qui (doit) guide(r) le pouvoir, soucions-nous de ne pas permettre au pouvoir d’avoir tout le pouvoir.

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« Faire confiance » dans la plénitude de sa double dimension.

Confiance et Vulnérabilité : deux notions distinctes

Je ne suis pas sûr que « confiance » et « vulnérabilité » soient des notions cousines et que l’une implique l’autre. Doit-on considérer comme nous le propose Gilles Favro dans ce post que faire confiance « revienne à se mettre en situation de vulnérabilité et d’accepter de prendre le risque d’être trompé, trahi ou déçu » ? S’agit-il de « parier sur la fiabilité de l’autre, sans savoir à l’avance ce qu’il fera » ?

Soumission ou Confiance ?

Je parlerais davantage dans un tel car de soumission. S’il est clair qu’en faisant confiance, l’on s’expose à la possibilité que cette confiance s’avère être mal placée, tout dépend de la réaction de celui ou celle dont la confiance est ainsi déçue. Cette déception à elle seule indique que cette acceptation d’être trahi n’est pas un attribut naturel de la confiance. Pour qui s’en accommoderait l’on ne peut parler de confiance mais bien d’abandon et de soumission.

La réaction face à la trahison

Une véritable confiance, si elle est trahie, conduira à la révolte et, au moins, au retrait de cette confiance qui a été accordée dans le cadre d’un véritable contrat. Ne parle-t-on pas de « contrat de confiance » ? Faire confiance implique le respect par celui en qui l’on a placé sa confiance du contrat qui est passé et qui implique de sa part un certain type d’action et de comportement à l’endroit de son co-contractant.

Comment bâtir la confiance ?

À la question posée par Gilles Favro de savoir comment bâtir la confiance, je n’y vois qu’une seule façon : le respect de cette confiance et la preuve répétée de ce respect qui, par sa répétition, vient garantir le respect futur de cette promesse. À défaut, le contrat est immédiatement rompu. « La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres » selon cette formule que l’on attribue à Jean-Paul Sartre.

L’exigence de la confiance

Aussi, je ne vois dans l’acte de faire confiance aucun abandon, mais bien au contraire une exigence sourcilleuse de voir cette confiance respectée. En retournant l’argument, je serais même tenté d’affirmer que celui en qui la confiance est placée se place en situation de vulnérabilité par le fait qu’il s’expose en permanence au risque de ne pas toujours honorer cette confiance et de se trouver immédiatement déchu de son statut et voué à la rancœur, à la rancune si ce n’est à la vengeance.

L’étymologie de la confiance

Il n’est pas neutre de rappeler l’étymologie de « confiance ». Elle renvoie au religieux : « placer sa foi en ». De « Dieu », cette personne de non-confiance se trouvera immédiatement déchue au rang des personnes en qui l’on ne peut pas croire.

Une fragilité qui en fait toute sa grandeur

En conclusion, la confiance est un contrat sacré qui nécessite un respect mutuel et constant. Elle ne doit pas être confondue avec la vulnérabilité ou la soumission. La confiance se construit patiemment et peut être détruite en un instant. C’est cette fragilité qui en fait une valeur si précieuse dans nos relations humaines.

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L’alchimie secrète de nos idées : d’où viennent-elles ?

Belle et pertinente question que celle que nous pose Guillaume Rosquin  dans son post : d’où nous viennent nos idées ? Cette interrogation est d’autant plus interrogeante qu’elle peut être étendue à une autre : d’où nous viennent nos questions ? Telle est là, pour moi, la question fondamentale qui définit qui nous sommes individuellement.

L’origine des idées

En effet, les idées que nous revendiquons comme nôtres ne le deviennent vraiment qu’après avoir été filtrées par notre propre questionnement. Sinon, elles restent celles des autres, et en revendiquer la paternité serait du plagiat.

La grande interrogation

La grande question qui me hante est donc : quelle est l’origine des questions que nous nous posons, tout comme de celles que nous ne nous posons pas ?

L’alchimie des idées

Pour compléter la question de Guillaume Rosquin, je propose de considérer l’alchimie, cette magie inexpliquée, qui transforme les idées auxquelles nous sommes exposés en questions personnelles. C’est ce questionnement qui, à son tour, produit nos idées, celles dont nous pouvons revendiquer la propriété ou plutôt l’usufruit.

Esprit es-tu là ?

Explorer l’origine de nos idées et de nos questions est une quête fascinante et pour moins encore insondable. C’est une invitation à plonger dans les méandres de notre esprit, à découvrir ce qui nous définit et à comprendre comment nous interagissons avec le monde.

Je vois, pour ma part, dans cette question une quête , où chaque question est une porte ouverte sur notre identité. Une question dont les réponses sont au fondement de notre personnalité et de notre individualité.

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Les Mots : Architectes de Notre Pensée et de Nos Actions

Merci Yves Richez, PhD pour cette incitation au respect des mots et de leur sens. Comme vous le rappelez en citant les frères Bescherelle en 1843, « les mots fondent la pensée ».

L’auteur nous rappelle que « le sens des mots correspond rarement aux intentions des personnes qui les utilisent« . De même, je serais tenté d’ajouter que ce sens diffère souvent de l’interprétation qu’en fait celui qui le reçoit. Cette vérité et les difficultés qui en découlent touchent toutes nos situations d’échange et de communication, que ce soit en entreprise ou dans nos interactions quotidiennes.

Une Référence Suprême

Yves Richez nous préconise de disposer un bon dictionnaire dans toutes les salles de réunion. Me revient immédiatement l’image déjà bien ancienne mais oh combien d’actualité, de mon instituteur, toujours vêtu de sa blouse grise, qui avait sur son pupitre le petit Larousse, référence suprême pour nous. Bien que nous ne puissions pas toujours nous promener avec un dictionnaire sous le bras, prenons l’habitude de vérifier auprès de notre interlocuteur si le mot utilisé est bien compris et s’il est le bon pour signifier notre pensée. De même, demandons à notre interlocuteur le sens qu’il donne aux mots qu’il utilise. Il y a fort à parier que ce sens n’est pas forcément celui que nous lui attachons. Que ce soit lui ou nous qui en ayons une mauvaise compréhension, la conséquence en est la même : une pensée commune ne peut se construire.

Une Illustration Simple …

Essayez d’expliquer quelque chose à un enfant. Après avoir répété trois fois votre explication, demandez-lui si s’il comprend tous les mots utilisés. Vous avez de grandes chances de l’entendre répondre « Non ». Une preuve évidente qu’une pensée se construit avec des mots.

… pour éviter une communication « infantile »

Loin de moi l’idée de comparer nos interlocuteurs à des enfants, mais reconnaissons qu’il nous arrive par non connaissance ou par mésinterprétation ou par mauvais usage d’un mot que notre pensée soit alors « infantile ». Ce qui nous renvoie à l’étymologie de ce mot : Le terme latin « infans » signifie « enfant » et est composé de « in- » (préfixe négatif) et « fans » (participe présent de « fari », qui signifie « parler »). Littéralement, « infans » signifie « qui ne parle pas », ce qui reflète l’idée que les jeunes enfants n’ont pas encore développé la capacité de parler.

Assurons Nous de Notre Capacité à Parler

A chacun de nous de nous assurer que nous avons bien cette capacité.

Le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi)

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