16/11/2021 – Du client roi sans couronne au client citoyen et responsable.

« Il n’y a pas de démocratie dans l’entreprise. Le client est roi. »

Déclarer que le client est roi selon la formule consacrée du « Client Roi » me met étrangement mal à l’aise. Et pourtant, j’en défends inlassablement l’idée en répétant et répétant, ce qui devrait être une évidence, que l’entreprise n’existe que par et pour ses clients.

Et, en même temps, cette notion de « client roi », ne cesse de convoquer en moi des « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, les … » et des images de « nuit du 4 août » que la glorification du client roi déclenche dans mon esprit profondément républicain.

A y réfléchir, je décèle, derrière cette gêne toute une longue, complexe et ambigüe évolution de la notion de client et du rôle et de la place de ce dernier dans la société et dans l’entreprise.

Pourtant, à bien y regarder, et, au-delà des nombreuses sinuosités empruntées ces dernières décennies par le discours sur le client, deux notions simples, « la relation client – fournisseur » et  « l’esprit de service », permettent de lever clairement cette ambiguïté.

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Ayant partagé cette intervention de Philippe de Villers sur Linkedin, j’ai reçu immédiatement une pique bien sentie, pertinente et humoristique de Guillaume Chabra. Il y affirmait ne pas demander à ses clients de se comporter en roi, ni à ses collaborateurs de se comporter en serviteurs et dénonçait dans cette vidéo un discours moyenâgeux. Ce que je partage bien évidemment comme je l’ai répondu immédiatement. Toutefois, à la réflexion, je ne peux me contenter de cette réponse.

Ne jetons pas l’esprit de service et le service client … avec la tête du roi !

En effet, affirmer que le client est roi ne revient pas à dire que le client peut et doit se comporter en despote. Même les rois ont des obligations et, en général, à ne pas les respecter ils finissent mal. « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira … ». Aussi je ne peux qu’être d’accord avec Guillaume Chabra.

Par contre, mettre en correspondance la notion du client roi et la servitude des collaborateurs me gêne beaucoup. C’est nier la notion essentielle de l’esprit de service qui se doit d’être l’essence de l’entreprise dans sa relation avec son marché.

Nous en revenons à ce qui devrait être une évidence, une brève de comptoir universellement partagée dans les cafétérias de toutes les écoles de commerce et universités de gestion : « le client est la seule raison d’être de l’entreprise. Comme telle, elle en est sa condition d’existence ». Il est bon de se le rappeler en permanence et de donner ainsi toute sa force à cette notion de client, notion qui est dans un rapport quasi tautologique avec celle d’entreprise.

Le client roi, un roi sans couronne

Il n’est pas sans intérêt de rappeler le contexte de la naissance de ce slogan « Le Client Roi !». Je fais appel pour cela à mes souvenirs de gamin et de la fin des années 60. Je me souviens, enfant, m’être étonné de ce slogan nouveau qui subitement avait « trôné » placardé sur toutes les devantures de magasin. Je me rappelle ma surprise face à ce « Oyez, Oyez, bonnes gens, désormais le Client est Roi, vive le Roi ! ».

Quel était donc le roi précédent qui, désormais mort, offrait son trône vide au nouveau roi proclamé : le client ?

Cette proclamation marquait très exactement les prémices de la fin d’un monde. Je dis bien les prémices car l’on ne bascule jamais brusquement d’un monde dans un autre. Dans le cas du « Client Roi » cette proclamation marque l’entrée dans un sas de passage : le passage progressif d’un marché de l’offre à un marché de la demande. Un sas qui conduira  subrepticement à la libéralisation des années 80 puis à l’individualisation que la numérisation des échanges et des services porte aujourd’hui à l’extrême.

 Le client roi, … un roi sous tutelle

Ce client roi, ainsi proclamé, a été, de fait, et demeure encore aujourd’hui un roi en régence. Un roi régenté par le marketing et les médias qui lui ont dit quels étaient ou plutôt devaient être ses besoins et qui l’en ont persuadé pour encore et toujours plus pouvoir lui vendre les produits que le régent Marketing à mission d’écouler.

En fait l’on est passé d’un marché de l’offre celui du « Producteur Roi »), à un marché non encore de la demande du client mais à celui de la demande dictée par le marketing et la publicité. Un client roi sous la tutelle du marketing et au final, un roi sans couronne. Nous vivons toujours aujourd’hui sous cette régence.

Aujourd’hui encore, le fait que le client est au principe de l’entreprise n’est pas acquis et de loin

Malgré toutes les incantations de « placer le client au centre » qui ont suivi ce prétendu avènement, , nous ne sommes toujours pas sortis de cette régence et de cette tutelle.

Une récente émission de France Culture dédiée au management a réussi l’exploit de ne pas une seule fois citer le mot de client, ni même évoqué la notion, au cours d’une heure d’émission.  Cette interview de Ghislain Deslandes, (par ailleurs très intéressante, riche en idées et en références et que l’on écoutera avec grand intérêt), n’en évoque même pas l’idée. L’on m’a dit, mais je n’ai pu le vérifier, qu’il en était de même de l’ensemble des volets de la série consacrée au thème. Comment peut-on s’intéresser au management sans avoir à aucun moment à l’esprit que le management est fondamentalement l’art de faire en sorte que l’entreprise délivre à ses clients la promesse qu’elle leur a faite ?

L’entreprise comme vase clôt, jardin de l’entre soi

L’entreprise est, encore trop souvent, pensée et vécue comme un vase clôt ego-centré et dont la principale dynamique est recherchée dans l’efficacité de ses processus de production et de communication commerciale et dans un marchandage entre ses acteurs internes (actionnaires, managers, collaborateurs).

Un jardin où l’on en vient à oublier le client qui est hors les murs

Un jardin dans lequel, par exemple, il est impossible pour le client, lorsqu’il rencontre un problème, de joindre un interlocuteur et d’obtenir une réponse à une question non répertoriée dans un formulaire de réponse automatique.

Un jardin dans lequel, par exemple, les applications informatiques et les sites web n’ont pas été testés en permanence d’un point de vue client et où le parcours du client tient du parcours du combattant.

Le discours entendu entre les murs de ces organisations porte principalement sur la dimension « hard » (les structures et les processus). La dimension humaine (le soft) se limite souvent alors aux relations hiérarchiques, managériales et syndicales et sont en priorité et majoritairement consacrée aux acteurs internes de l’entreprise.

Nul étonnement alors à voir fleurir l’actuelle et abondante littérature dédiée au « bonheur au travail ». Une littérature qui fait jouer à l’entreprise un rôle qui n’est pas le sien. Ne nous trompons pas sur cette affirmation. Le bonheur est une affaire individuelle qui n’a pas, ne peut et ne doit pas être abandonnée par le collaborateur aux bons soins de son entreprise. Ceci ne veut, évidemment, pas dire que l’entreprise ne doit pas prendre soin de ses collaborateurs. Elle se doit, bien évidemment de travailler, ne serait-ce que dans son propre intérêt bien compris, à leur plein épanouissement dans le respect pour chaque collaborateur de sa personne, de sa sécurité, de sa santé et de son équilibre.

« Le client au centre » ou « la maîtresse au milieu ! »

A l’opposé, et en partie par réaction, est apparue une approche a priori intéressante qui s’intéresse au client avec cette fois le slogan : « Le client au centre. » Là encore, tant l’invocation pourtant vertueuse a été galvaudée, je ne peux m’empêcher d’avoir, immédiatement, à l’esprit une autre rengaine : « Les cahiers au feu et la maitresse au milieu !».

En exigeant de translation du trône du client soit disant roi au centre du jardin clôt se veut un acte révolutionnaire. D’une certaine manière, « le client au centre ! » c’est la prise de la Bastille.

La « totémisation » du client, au risque pour l’entreprise d’y perdre son âme et sa raison d’être

Au-delà des usages purement marketing de la formule « le client au centre », qui en ont été faits souvent, cette glorification, cette « totémisation » du client n’a en fait pas placé le client à sa juste place, là où il doit l’être : non au centre mais au principe et à l’horizon de l’entreprise. Non, le client n’est pas le CEO de l’entreprise selon la formule entendue souvent dans la cour de cette école. Le client est la finalité de l’entreprise. Il n’en n’est pas le dirigeant.

Placer le client au centre de l’entreprise c’est lui donner le pouvoir qu’il n’a et ne doit pas avoir

Transporter le trône de ce client (soit disant) roi au milieu du jardin ne lui rend pas sa couronne pour autant. Tant que le marketing et la publicité « algoritmisent » ses comportements et sa consommation il ne s’émancipera pas de leur tutelle.

L’entreprise est un acteur dont la mission est double. Elle a non seulement pour mission de répondre aux besoins des clients mais également d’innover et de proposer des solutions nouvelles créatrices de valeur. Elle est dans un perpétuel échange dialectique entre une demande et une offre qui, toutes les deux, sont en perpétuelle évolution.

Ne se ranger qu’aux injonctions d’un Client Roi « totémisé » au centre de l’entreprise, conduirait inéluctablement l’entreprise à sa décadence. Cette « totémisation » du client roi en le plaçant au centre de l’entreprise reviendrait pour l’entreprise à s’inféoder à lui et à ses seuls désirs.

La vague des démarches de qualité totale ont préparé la translation du client de son prétendu trône de roi à sa prétendue place au centre de l’entreprise

Cette injonction de placer le client au centre est l’onde portée dans les années 90 de la vague de la qualité portée par l’industrie japonaise dans les années 80-90.

Nous étions alors sous le feu de la qualité totale à la japonaise qui a permis aux produits japonais (automobiles et électroniques) d’envahir les marchés à partir de la fin des années 70.

Ces démarches qualité ont centré l’attention sur les processus internes de l’entreprise et sur leur impact sur la qualité du produit tout en en commençant à sonder et interpréter les rêves des clients comme nous le rappelle le slogan de Sony de l’époque : « Vous en avez rêvé ! Sony l’a fait ! ». Le client n’a alors toujours pas la parole. Nous sommes alors en pleine psychanalyse : l’industrie interprète ses rêves !

Avec le recul, l’on peut y voir un appel à l’amélioration de la culture du jardin clôt et non encore l’avènement d’un client roi dégagé de sa régence. On y entend plus un appel lancé du fond de ce jardin. Un appel qui s’intéresse encore majoritairement aux fruits de ses plantations et à l’amélioration de leur culture. Une entreprise, qui, une fois les fruits récoltés et lustrés, ouvrira, enfin, ses portes pour les vendre au marché après un tir d’artillerie publicitaire pour préparer le terrain.

Le client n’est pas au centre. Il est au principe de l’entreprise et en est l’horizon… … un horizon qui, sans cesse, change au fur et à mesure que l’entreprise évolue et se développe

Avec grand profit, l’entreprise associera le client dans des démarches qualité ou de créativité. Il n’en demeurera pas moins extérieur au projet de l’entreprise dont il n’est pas acteur. Il est clairement une des parties prenantes de l’éco système de l’entreprise et de son projet. L’on se souciera avec profit de son parcours client et de son expérience client qu’on concevra et pilotera avec  le plus grand soin. On écoutera toujours avec le plus grand soin ses remarques, idées, suggestions et réclamations. On l’en remerciera, à chaque fois, avec la plus grande sincérité du cadeau qu’il nous offre ainsi par son feedback. Un feedback client où l’entreprise trouvera toujours en germe de bénéfiques pistes d’évolution.

Cette écoute est même au principe du projet de l’entreprise. Les démarches de design thinking ou de lean management et de lean start-up sont là pour opportunément venir outiller cette écoute et cette découverte des besoins des clients et des façons de les satisfaire.

Ces démarches sont riches et nécessaires. Elles ne traitent toutefois qu’une partie (essentielle et préalable) de la configuration de l’organisation. En effet, l’organisation doit, au delà du seul client prendre en compte et intégrer l’ensemble des composantes du système et de l’écosystème de l’entreprise. (cf. l’écologie de l’éco système de votre entreprise)

Une entreprise est avant tout une vision, celle d’un monde que l’entrepreneur s’emploie par son entreprise à faire advenir

Une entreprise c’est, avant tout, une vision d’un monde quel qu’il soit, que l’entrepreneur imagine et qu’il se donne pour mission de contribuer à construire par son action.

Nul messianisme là-dedans. Avoir une vision n’est pas l’apanage des grands visionnaires avec un « V » majuscule. En fait, toute action entreprise l’est en fonction d’une vision, celle du résultat que l’on attend et souhaite de l’action que l’on entreprend.

Pour un entrepreneur, comme pour chacun de nous, avoir une vision, c’est visualiser, tout simplement et tout humblement, le produit de l’action que l’on envisage de mener. C’est l’imaginer avec la ferme conviction que le produit de cette action répondra à un besoin précis d’un groupe de personnes à qui l’on destine son offre et la solution qu’elle porte. Ce besoin, lorsqu’il existe réellement et qu’il est confirmé, est toujours le besoin de voir comblé un manque, ou de voir soignée une souffrance par le soin comme s’y réfère le « care » anglo-saxon.

Dès lors, NON le Client n’est pas un Roi despote, NON l’entreprise n’est pas un jardin clôt et, nous y venons, NON les collaborateurs ne sont pas des serviteurs au sens ancillaire du terme.

La relation client – fournisseur : Mort au client roi ! Et vive le service client !

La relation client – fournisseur est portée par l’esprit de service et non de servitude.

L’entreprise nait, survit et se développe, ou meurt, par l’interaction permanente entre une proposition et une demande, entre une promesse de l’entreprise et la confiance donnée par le client à une entreprise qui la mérite. Philippe de Villiers le dit, à sa façon dans son intervention : « Etre entrepreneur c’est aimer ses équipes, et aimer son produit. Il faut respecter le client. Il aime notre produit. C’est un honneur qu’il nous fait. Alors montrons-nous dignes de cet honneur. C’est ça l’entrepreneur. ».

Ma façon de dire la même chose, est qu’une entreprise est la promesse qu’elle fait au marché. Une promesse qu’elle s’engage à respecter et qu’elle saura respecter en mettant tout en œuvre pour y parvenir.

Et c’est là, pour moi, la définition de la marque d’une entreprise véritable. J’y vois la définition de l’entrepreneur : celui qui invente la promesse qu’il fait à son marché et qui tient cette promesse. Sa réussite tient à sa capacité à identifier voire révéler le besoin des clients qu’il s’est donné pour mission de servir parce qu’il en possède les capacités ou fait tout pour les acquérir.

La relation client – fournisseur : L’entreprise au cœur de son écosystème

En définitive, même si cela paraitra à certains une banale évidence, le concept de « la Relation Client – Fournisseur » est au cœur de toute la réflexion. C’est elle qui permet, en toute simplicité et en toute efficacité, de retrouver l’équilibre entre ces deux extrêmes inconciliables du « Client Roi » et de « l’entre soi de l’entreprise jardin clôt ».

C’est là un concept tout simple. Il prêtera à sourire aux amateurs de théories compliquées. Il donnera à sourire à ceux qui sont dans une quête toujours à renouveler des derniers nouveaux modes de gestion et de management. J’y trouve pour ma part la quiétude d’un concept simple et d’une richesse infinie pour qui veut prendre la peine de réfléchir à chacun de ses deux termes et à la richesse de leur interaction.

Le trait d’union qui relie ces deux mots, « Client » et « Fournisseur », porte bien son nom et assure bien sa fonction.

Du client roi sans couronne au client citoyen responsable

La loi PACTE de 2019, en écho à une forte demande sociale, se donne, entre autres, pour but de repenser la place des entreprises dans la société. Elle enjoint les entreprises volontaires à définir leur raison d’être dans le cadre d’une Responsabilité Sociale et Environnementale.

Par la RSE, la société appelle les entreprises à devenir citoyennes et responsables. Elles ne le pourront que lorsque le client lui-même, c’est à dire chacun de nous, sera citoyen de plein et complet exercice en respectant lui-même les injonctions qu’il adresse aux entreprises. Cela d’autant plus qu’il est bien souvent dans la position concomitante de client et de salarié ou de prestataire. Si l’on se place au niveau global du système, cette société dont nous sommes tous membres, est un auto entrepreneur au sens absolu du terme : nous en sommes à la fois, les collaborateurs et les consommateurs et les législateurs.

Ce client ne sera ce citoyen responsable qu’en vivant, en se comportant et en consommant en accord avec les injonctions qu’il fait à l’entreprise. Il ne le sera que lorsqu’il accordera ses déclarations de citoyens avec ses comportements de décideur, de consommation et d’achat.

En effet, l’on ne peut exiger des droits comme salariés ou indépendants sans les reconnaître et les appliquer à l’ensemble des autres membres de notre société, et au-delà.

En conclusion

Ainsi, loin d’un Client Roi, qu’il serait anachronique de continuer à proclamer, rêvons d’un « Client Citoyen et Responsable ». Sachant que le client et sa demande sont au principe de toute entreprise, seul un client véritablement citoyen et responsable, en accord avec les valeurs humaines et sociales de la société, permettra aux entreprises d’être, comme beaucoup le demande, citoyennes et responsables.

 

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L’écologie de votre écosystème d’entreprise.

 «  La vie est quelque chose qui se passe entre 8000 mètres d’altitude et 8000 mètres de profondeur.» Paul Valéry*

De la même façon et, tout aussi simplement, l’on pourrait définir l’entreprise comme ce qui vit au sein de son écosystème. Un écosystème auquel l’entreprise doit sa survie et dont elle nourrit sa croissance.

Dès lors, une approche écologique de cet écosystème de l’entreprise trouve toute son importance et sa justification. 

La non prise en compte  de son écosystème est préjudiciable à  l’entreprise.

Ignoré en tant qu’ensemble, l’écosystème ne peut alors être piloté en cohérence avec la vision et  le projet d’entreprise.

En l’ignorant, l’entreprise se prive, notamment, de la découverte possible de nouveaux produits et services. Des produits et services bénéfiques tant à l’entreprise qu’à ses différentes parties prenantes.

Cette ignorance coupable limite le développement de l’entreprise et peut même en provoquer la disparition.

1. Une méconnaissance préjudiciable à l’entreprise.

La notion d’écosystème n’est pas ou trop peu prise en compte en tant que concept opérationnel du développement de l’entreprise. C’est pourtant un concept essentiel qu’il convient d’identifier et de piloter de manière cohérente, en totale cohérence avec la vision et le projet de l’entreprise.

Méconnaître son écosystème ou en avoir une vision erronée conduit à sous évaluer son importance comme concept essentiel de la croissance.

L’ignorer est se priver du pilotage d’un puissant concept et sous exploiter ses bénéfices potentiels.

Une méconnaissance qui conduit à sous estimer voire à ignorer les bénéfices que l’entreprise peut en retirer. Et cela au détriment de ses propres intérêts et de ceux de ses parties prenantes.

Ignorer et négliger ce concept d’écosystème ne permet pas une juste appréciation des relations que l’entreprise entretient avec son environnement. L’ignorer c’est ignorer les attentes profondes et les besoins essentiels de chacune de ces parties prenantes. C’est, pour l’entreprise, se priver de l’opportunité de les satisfaire au mieux de sa vision et de ses intérêts.

2. La Loi PACTE et la RSE, des ouvertures positives … qui peuvent être trompeuses voire … contre-productives.

La loi Pacte, en promouvant la RSE, oeuvre dans le bon sens. Toutefois, la dimension sociale qu’elle invoque est connotée d’une dimension politique et sociale qui peut repousser certains. Une connotation qui pour certains peut les tenir éloignés de la compréhension et de la prise en compte de cet écosystème. Un sondage  Ifop sur « le regard des Français sur RSE », septembre 2019 en rend compte.

Certes, il est  important de faire comprendre que la prise en compte des parties prenantes est bénéfique pour la Société. L’on doit s’en réjouir et œuvrer dans ce sens. Mais il est essentiel de comprendre que cette prise en compte s’impose prioritairement pour des raisons économiques et entrepreneuriales.

3. Une notion qui peut paraître évidente et, aux yeux de beaucoup, prise en compte de manière implicite et tout naturellement.

Aux yeux de certains, ce concept d’écosystème n’est en rien ignoré. Il serait même au cœur de l’actualité comme élément clé du modèle des plateformes numériques.

Selon eux, il est faux de dire que les entreprises ne prennent pas ou peu en compte leur écosystème. Pour eux, les entreprises prennent en compte leurs parties prenantes. Ils convoquent comme preuve les évidences suivantes. Les Achats traitent avec les fournisseurs. Les RH traitent avec le marché de l’emploi. Le Marketing traite avec le marché. Les Ventes traitent avec les prospects et clients; la Communication traite avec les médias. La Direction financière traite avec les financeurs. Le Département Fiscal traite avec les organismes publics, etc…

Effectivement, chacun des services de l’entreprises prend en compte la ou les parties prenantes dont il a la charge. Ce n’est pas pour autant que chaque partie prenante est prise en compte dans l’ensemble de ses dimensions. de plus, ce n’est pas pour autant que l’écosystème est pris en compte dans son ensemble. Et encore plus, ce n’est pas pour autant qu’il est piloté comme composante stratégique par la Direction Générale de l’entreprise.

4. Confusions et dérives du terme « Écosystème ».

4.1. Une définition souvent confuse et impropre à en faire un concept opérationnel.

Il y a souvent un grand flou et une grande confusion quant à la définition du terme d’ « écosystème ».  Une confusion qui, aux yeux de beaucoup, semble réserver ce concept aux seules plateformes numériques.

Le concept même a été dévié de sa signification par l’utilisation qu’en ont fait les plateformes numériques. Ces entreprises ont préempté ce concept en en faisant l’alpha et l’omega de leur modèle de développement. En le préemptant, elles l’ont vidé de son sens fondamental.

Non l’écosystème n’est pas un « outil » réservé aux plateformes numériques. Il est au cœur même de l’entrepreneuriat et réfère même au terme « Entreprise » qui repose sur l’  « Entre ». L’ « Entre » qui pointe l’interaction de l’entrepreneur avec l’ensemble de ceux qui « prennent » avec lui. « L’Entreprendre » est le propre des « parties prenantes ».

4.2. Une prise en compte incomplète des parties prenantes tant dans leur exhaustivité que dans la réalité de leur définition.

Il serait faux de dire que l’entreprise ne prend pas en compte ses parties prenantes. Mais rares sont les entreprises qui le font dans le cadre d’une vision d’ensemble de leur écosystème. Et rares sont celles qui le font en optimisant les attentes et besoins de chacune de ses  parties prenantes. De plus, faute d’une conception précise de ce qu’est leur écosystème, elles peuvent ignorer certaines de leurs parties prenantes.

Oui, les entreprises « traitent » bien (certaines) de leurs parties prenantes. C’est évident et tout naturel. Chacune des fonctions l’entreprise (RH, Finance, Achats, …) répond précisément à une partie prenante qu’elle a charge de « traiter ». Mais ce traitement est trop souvent abordé du seul point de vue autocentré de l’entreprise et de son intérêt propre. Ce traitement n’est pas ou rarement envisagé d’un « point de vue écologique ». Un traitement non écologique du fait de la non prise en compte des besoins et attentes des parties prenantes.

4.3. Etes-vous certains d’avoir réellement identifié l’ensemble vos parties prenantes ?

Il est frappant que, lors de ce recensement, nombre d’entreprises oublient de citer les actionnaires et même leurs collaborateurs au nombre des parties prenantes !  De plus, une fois  ces parties prenantes identifiées, la priorisation de l’effort qui doit être consenti à chacune manque souvent . Certes, toutes méritent l’attention de l’entreprise. Mais il est bien évident que  leur enjeux et leur contribution au projet de l’entreprise diffèrent en importance. Aussi, l’entreprise se doit de prioriser ses parties prenantes et de dimensionner l’effort réservé à réserver à chacune d’elles.

5. Une définition simple et opérante de l’écosystème et ses conséquences.

5.1. Une définition simple et dont les termes permettent d’envisager toutes les conséquences.

Fondamentalement, il convient de poser une définition claire et simple de ce qu’est l’écosystème de l’entreprise. L’écosystème : « l’ensemble des parties prenantes au projet de l’entreprise qui contribuent à ce projet et en tirent profit. »

L’entreprise vit et prospère grâce à cet écosystème. Aussi, est-il vital d’en assurer la prospérité au mieux des intérêts de l’entreprise et de ses parties prenantes.

Dans la mesure où cet écosystème est vital pour l’entreprise, il est vital de veiller à l’écologie de cet écosystème. La démarche entrepreneuriale se confond alors avec l’écologie de son écosystème.

5.2. De l’importance des termes et de leur signification.

L’écosystème d’une entreprise est composé de l’ensemble de ses parties prenantes. Il est important de s’arrêter au sens fort de ce mot. Ces « parties prenantes » sont bien  parties « prenantes » au projet de l’entreprise. C’est-à-dire qu’elles participent au projet entrepreneurial et en font la réussite. De plus, parler de « système » souligne l’interdépendance de chacune de ses composantes. Dès lors, se trouve mise en évidence l’importance de voir chacune d’elle satisfaite dans ses besoins et attentes. Aussi, le dernier terme de la définition proposée ( « … et en tirent profit« ) est-il fondamental. Il est malheureusement trop souvent ignoré.

6. Une prise en compte et une exigence contre-intuitives qui appellent une démarche non naturelle.

Dès lors, contrairement à une recherche autocentrée du profit de l’entreprise, le profit de chacune des parties prenantes est à satisfaire.

6.1. Est-ce le rôle, voire l’intérêt, de l’entreprise de satisfaire les besoins et attentes de ses parties prenantes?

Certains diront que les parties prenantes sont , évidemment, les acteurs qui contribuent à la réussite de l’entreprise. C’est, pour eux, une évidence qui tombe sous le sens et n’a pas à être rappelée. Il n’y a rien de nouveau là dedans.

Par contre pour ces mêmes personnes, l’intérêt des parties prenantes n’a rien d’évident. « Pourquoi se soucier des attentes et besoins des parties prenantes ? » Certaines iront jusqu’à affirmer le contraire. Pour elles, satisfaire les intérêts et besoin des parties prenantes n’est pas dans la mission de l’entreprise.  Et, pour elles. cela peut être perte de temps et même aller à l’encontre des résultats de l’entreprise.

6.2. Un impératif, au cœur même de l’acte entrepreneurial.

Identifier et se préoccuper des besoins et attentes de chacune de ses parties prenantes est essentiel à la réussite de l’entreprise. Et cela même au-delà de toute préoccupation sociale. L’entreprise, en contribuant activement à la survie et au développement de ses parties prenantes, fait oeuvre écologique et profitable. En effet, elle en  tire, non seulement,  la garantie de sa survie mais bien davantage les opportunités de sa croissance.

6.3. Respecter ou non cet impératif  est ce qui différencie l' »Entrepreneur » de l' »Exploiteur ».

L’Exploiteur, à la différence de l’Entrepreneur, ne vise pas la pérennisation de sa situation. Ou s’il le fait (car, paradoxalement, beaucoup le souhaitent) il est en grand danger de voir son souhait non satisfait.

Il exploite une situation, une opportunité. Celle-ci, une fois exploitée se trouve  vidée des bénéfices qu’il était possible d’en soutirer. Elle disparaîtra en même temps que la possibilité de l’exploiter plus longtemps.

Nous sommes au cœur même du débat écologiste et de la préservation de l’environnement et de l’écosystème.

6.4. Respecter cet impératif nécessite une démarche difficile qui est contre-intuitive et non naturelle.

Préserver et valoriser son écosystème est une idée qui peut paraître simple et évidente. Et comme toute idée simple, elle peut paraître aisée à mettre en oeuvre.

De fait, il est faut et illusoire de le croire. Nous en parlons en connaissance de cause pour accompagner fréquemment des entrepreneurs dans ces démarches. Tous reconnaissent, au moment d’appliquer ce changement de posture, toute sa difficulté.

Cette nouvelle posture exige de successivement « se mettre  dans les chaussures » de chacune de ses parties prenantes pour envisager ses besoins et attentes. Elle exige ensuite de se questionner sur la façon dont l’entreprise les satisfait. Enfin, se questionner sur le niveau de satisfaction ressentie par la partie prenante.

Chacun des entrepreneurs et entreprises que nous accompagnons nous disent toute la difficulté qu’ils ont à le faire. Tous témoignent de la rapidité avec laquelle ils retombent dans  » leurs propres chaussures »  à rechausser  » leurs propres lunettes ».

Incontestablement, se préoccuper réellement des besoins et points de vue de l’autre est très exigeant. Il y faut une vraie discipline et la conviction de l’intérêt et de l’obligation de le faire. Or toute la valeur opérationnelle du concept d’écosystème dépend de l’intégration de cette posture nouvelle et de sa mise en pratique.

 

7. Un accès à des opportunités sans nombre.

Et pourtant, tous reconnaissent, une fois la posture prise, tout l’intérêt qu’ils y ont trouvé.  Ils insistent, notamment, sur l’accès qu’elle leur offre à la découverte et à l’invention de nouveaux produits et services.

En effet, prendre en compte les besoins et attentes des parties prenantes offre des opportunités sans limite à a créativité de l’entreprise.  Des opportunités d’identification de besoins à satisfaire et autant d’opportunités d’invention de produits et services, de collaborations, voire de partenariats possibles.

Cela semble évident (et encore ?) à beaucoup lorsque l’on considère le marché auxquels l’entreprise destine ses produits. Mais, pour beaucoup, cela est loin d’être le cas des autres parties prenantes.

Gardons-nous d’assimiler nos relations et façons d’aborder nos parties prenantes à celles qui nous lie à un simple prestataire ou un fournisseur.  Nous ne sommes liés à ces derniers que par un contrat de service ou de fourniture. Un contrat qui prend fin avec le règlement, selon le cas, du salaire, du prix d’achat ou des honoraires convenus.

A la différence d’une relation purement contractuelle, la relation qui noue l’entreprise à ses parties prenantes vit dans le temps. Elle est interactive et intervient au sein d’un système, l’écosystème de l’entreprise. Elle se nourrit de la relation entretenue dans le temps entre les deux partis.

8. Une garantie de pérennité et d’adaptation à un environnement changeant.

Ne pas s’en soucier met l’entreprise dans l’impossibilité de participer à l’évolution de ses parties prenantes. En effet, celles-ci évoluent en fonction de leur propre participation à d’autres écosystèmes.

L’inconvénient mineur mais réel, à ne pas se soucier de ses parties prenantes,  est, pour l’entreprise, de ne pas profiter de leurs évolutions positives.

Ne pas se soucier des attentes et besoins de ses parties prenantes  lui fait courir le risque d’ignorer les évolutions de ces dernières. Le risque est alors de voir certaines d’entre elles disparaître ou s’intégrer à d’autres écosystème dont elles tireront davantage profit. La croissance voire même la survie de l’entreprise peuvent alors être mises en cause.

9. La Vision et la Marque, clés de voûte de l’écosystème.

Sans approfondir ce qui mériterait de plus amples développements, précisons deux éléments tout à fait essentiels. Deux éléments qui, malheureusement, là encore, sont trop souvent mal définis et sous estimés.

9.1. « L’aimant » de la Vision

La vision choisie est au principe du choix des parties prenantes de l’écosystème. C’est cette vision qui orientera l’attention et les efforts à leur. Ces choix n’ont de sens et de pertinence qu’en fonction de la contribution de ces parties prenantes à la mise en oeuvre de la vision de  l’entreprise.

Le concept de Vision est malheureusement lui-même, souvent mal défini. Il est, de ce fait, mal perçu et trop peu souvent mis en oeuvre dans sa réelle dimension. Le concept de Vision se doit,pourtant, d’être au principe du projet de l’entreprise. Seule la vision permet d’évaluer la pertinence du choix des contributeurs au projet de l’entreprise et la cohérence de ses décisions et des actions entreprises.

9.2. « Le diamant » de la Marque.

Il en est de même du concept de Marque. Alors que la Marque se doit d’être l’incarnation de la Vision de l’entreprise, elle se trouve préemptée dans l’esprit de beaucoup par les marketeurs et les communicants.

Or, la Marque est l’incarnation de la vision de l’entreprise. Elle est au cœur de l’écosystème. Elle est porteuse du projet et des valeurs de l’entreprise et officialise la promesse que l’entreprise fait à chacune de ses parties prenantes.

Aussi, la Marque de l’entreprise, pour produire son plein effet, telle un « diamant », comportera autant de facettes que de parties prenantes de son écosystème.

10. Des actions pour en tirer le plus grand profit au mieux des intérêts de chacun.

  1. Redéfinissons l’écosystème dans chacun de ses termes et à sa juste valeur.
  2. Redonnons à la vision de l’entreprise son rôle majeur. Elle est au  véritable principe de toute action de l’entreprise. Comme telle, elle est l »aimant » de la cohérence de l’ensemble de ses décisions et de ses actions.
  3. Reconnaissons et valorisons la contribution de chacune des parties prenantes à notre projet entrepreneurial.
  4. Incarnons dans notre marque la promesse que nous faisons à chacune de nos parties prenantes. Et cela, en cohérence avec la vision et la mission qui sont celles de notre entreprise.
  5. Envisageons réellement les attentes et besoins de chacune de nos parties prenantes. Mettons nous dans les chaussures de ces parties  prenantes; Envisageons le monde au travers de leurs points de vue. L’exercice est loin d’être simple et il faut de la détermination pour ne pas retomber rapidement et inexorablement dans notre propre vision des choses dictée par nos seuls intérêts et besoins.

11. Le « Diamant de la Marque » : un véritable travail d’orfèvre.

La démarche « Le Diamant de votre Marque », développée et mise en œuvre  par RéSolutions, allie l’ensemble de ces composantes.  Elle structure autour de l’entreprise son écosystème et fédère par sa marque l’ensemble de ses parties prenantes. Elle élabore et fournit les outils de pilotage de cet écosystème propres à en assurer la cohérence. Une démarche qui définit et combine, en cohérence, l’ensemble des composantes qui font la pureté, la force et la dureté du diamant de la Marque : Vision,  Mission, Territoire, Valeurs, Ambition, Écosystème, Besoins et Attentes de chacune des Parties prenantes.

Autant de composantes à définir pour au final établir et faire briller de tous ses éclats la Marque de l’entreprise.

Une salutaire et bénéfique démarche de clairvoyance et d’engagement de la part de l’entrepreneur au cœur de son écosystème.

Un travail exigeant et difficile mais, au combien,  bénéfique et stimulant. Il permet à l’entrepreneur d’y trouver tout le sens et l’énergie de son projet.  Ce travail place l’entrepreneur au cœur de l’ensemble de ses contributeurs qu’il fédère ainsi pour la réussite de ce projet commun.

 

L'écologie de l'écosystème de l'entreprise.

 

 * Paul Valéry. Cahiers II, page 720 Bibliothèque de la Pléiade 1974.

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